L’argentier du Royaume a toujours veillé à mettre les formes quand il s’agit de l’élaboration du projet de loi de finances. Certes le budget de Maroc SA est structurellement déficitaire, mais les besoins de financement ne faisaient généralement leur apparition qu’au moment d'intégrer les dépenses d’investissement et l’amortissement de la dette. Le solde ordinaire du budget général, qui donne une idée sur le fonctionnement normal de l’administration, a toujours été excédentaire.
Une parade de la comptabilité publique consiste néanmoins à intégrer des recettes censées être extraordinaires –les produits des opérations de privatisation, en l'occurrence– en tant que recettes ordinaires. Cela a été par exemple flagrant dans le projet de loi de finances initial de 2020: sans les 5 milliards de dirhams budgétisés en tant que produits de cession des participations de l’Etat, l’excédent ordinaire n’aurait été que de 3,4 milliards. C’est que déjà ce surplus dégagé par le fonctionnement ordinaire se réduisait comme peau de chagrin depuis des années. Il était par exemple de 11,9 milliards de dirhams en 2018.
Avec la loi de finances rectificative de 2020, la tendance de ce solde ordinaire s’est inversée. L’Etat concède à dépenser pour son fonctionnement bien plus que ce qu’il compte encaisser. Cette tendance s’accentue dans le budget 2021 où l'on prévoit déjà un déficit ordinaire de plus de 25 milliards de dirhams.
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Ce solde ordinaire négatif n’est pas à confondre avec la base de calcul du déficit budgétaire qui est rapporté au PIB. Avant d’en arriver là, il y a d’abord à calculer le Solde du budget de l’Etat. Celui-ci inclut en plus l’imposante enveloppe des dépenses d’investissement ainsi que le solde (généralement légèrement excédentaire, généralement) des comptes spéciaux du Trésor. Deux rubriques à explorer dans le détail dans de prochains épisodes.
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