L’artiste Khadija Tnana a du mal à y croire. Son œuvre «Kamasutra» exposée au sein du Centre d’art moderne de Tétouan a été retirée le jour du vernissage (1er mars courant). Pour protester contre cet acte jugé inadmissible, elle a remplacé l’œuvre en question, par une performance de contestation. L’artiste est installée sur une chaise derrière un bureau, la bouche baîllonnée, les pieds ligotés. «J’ai été victime de censure. J’ai donc décidé de remplacer l’oeuvre et de pallier à son absence en optant pour cette forme de protestation», confie l’artiste à le360.
L’œuvre en question, intitulée «Kamasutra», est une installation en papier fin, marouflée dans du carton et composée de 246 pièces, des petites mains formant toutes une grande «Khmissa». Dans chaque petite main, des personnages dans une posture sexuelle différente. Et c’est bien cette «posture sexuelle» qui a dérangé les responsables du Centre d’art moderne de Tetouan. «Marita, la commissaire d’exposition, a été contactée par le responsable du centre qui lui a demandé de retirer l’œuvre car il y avait des postures sexuelles. Elle a eu peur qu’ils ne viennent la retirer de force et la détériorer et c’est pour cette raison, que je m’en suis occupée moi-même», explique Khadija Tnana à le360.
Cette exposition collective qui réunit plusieurs femmes artistes a été organisée par l’Institut français de Tétouan, en collaboration avec l’Institut Cervantes et la galerie d’art Saida à Tétouan. «Le directeur de l’Institut francais a demandé un écrit de la part du centre pour justifier ce retrait, il attend toujours», enchaîne Khadija Tnana.
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Kamasutra, détailContacté par le360, Bilal Chrif, responsable de gestion du Centre d’art moderne, déclare qu’étant lui-même artiste, il n’est pas contre la liberté d’expression, mais que cette œuvre en particulier ne correspond pas à la ligne du centre. «Nous avons près de 1600 visiteurs par mois, les habitants de Tétouan sont des gens conservateurs, cette œuvre allait nous créer des ennuis et nous ne cherchons pas la polémique», justifie notre source.
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Kamasutra, détail
Khadija Tnana regrette cette attitude qu’elle qualifie d’idéologique. «L’idée était justement de briser les tabous. Au Maroc, les jeunes sont généralement ignorants vis-à-vis de la sexualité et nous avons voulu les sensibiliser, mais apparemment ça n’a pas été compris», déplore-t-elle.
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