Vidéo. Nous avons vu "Razzia", le dernier film de Nabil Ayouch

Le360

Le 06/02/2018 à 11h25

Vidéo"Razzia", le nouveau long-métrage de Nabil Ayouch, a été projeté en avant-première lors d'une projection presse lundi 5 février. Le360 l'a vu. Voici ce qu'on en pense.

Des vies qui se croisent. Des profils éclectiques. Des intrigues qui versent dans plusieurs histoires. Un récit éclaté et certains acteurs qui font du surplace.

Dans Razzia, le dernier long métrage de Nabil Ayouch, dévoilé en projection presse ce lundi 5 février au Mégarama, plusieurs sujets sont évoqués. La question amazighe, l’arabisation, l’intolérance vis-à-vis des juifs, la liberté sexuelle, les jeunes riches et désorientés, les jeunes diplômés chômeurs, les révoltes de rue… Un tas de thèmes que Ayouch a voulu traiter dans un film qui dure pas moins de deux heures. Cette démarche a fait de Razzia un film à l’intrigue disloquée, mais la force du jeu d’Amine Naji, dans le rôle du professeur amazigh brimé par la stratégie de l’arabisation, lui est salvateur.

La première partie du film, celle qui démarre avec le duo Amine Naji et Saâdia Ladib dans la peau d’Yto, contient la réelle beauté et la force de ce film. Maryam Touzani, la comédienne et épouse du réalisateur, n’est pas en réalité l’actrice principale du film. On serait presque tenté de dire que sa présence dans le film est comme une greffe inutile. 

Coscénariste de Razzia aux côtés de Nabil Ayouch, elle s'est vue attribuer un rôle de personnage central autour duquel gravitent tous les autres. Mais le spectateur pourrait remettre en question la place que lui a offerte le cinéaste.

Le réalisateur aurait pu, en somme, se contenter de la première partie du film, suffisante pour faire de Razzia un bel opus. Mais Nabil Ayouch ne l'a pas voulu ainsi. Nous sommes en 1982, Abdellah est un jeune professeur dans une école nichée dans les montagnes du Haut Atlas. Le climat est rude, mais sa volonté inébranlable, jusqu’au jour où l’inspecteur de l’Education nationale lui impose de laisser tomber l’enseignement en amazigh et de poursuivre en arabe, sanctionnant ainsi ces enfants à qui il enseigne l’existence et les noms des planètes via des cours interactifs en plein air. Sa pédagogie est originale et sa complicité avec les élèves très forte, mais tout cela ne sera plus que de l’histoire ancienne lorsque monsieur l’inspecteur l'aura poussé à bout, l'amenant à abandonner ses rêves.

La peur au ventre, tenaillé par la déception, l'enseignant quitte ses montagnes et se réfugie à Casablanca. A l’instar des autres personnages créés par Ayouch, il subira la pression sociale, et abandonnera sa liberté avec un goût d'inachevé. 

Par Qods Chabaa et Said Bouchrit
Le 06/02/2018 à 11h25