Vidéo. Hassan Benaddi a traduit Contre Vents et marées, de Abdallah Ibrahim (1968), et invite à (re)découvrir cet essai

khalil Essalak

Dans cette interview, Hassan Benaddi invite à revisiter la réflexion de Abdallah Ibrahim (1918 - 2005) sur les défis du Grand Maghreb, à travers son essai "Somoud Wassatal Issar" (Contre Vents et marées), dont sa traduction au français sortira la semaine prochaine aux éditions de La Croisée des Chemins.

Le 28/02/2021 à 13h38

Hassan Benaddi avoue d'emblée qu'il n’a pas été facile de traduire la pensée de Abdallah Ibrahim. "Il aurait d’abord fallu avoir lu Hegel pour comprendre Abdallah Ibrahim. Ce dernier m’a raconté qu’il avait commencé à étudier la logique dès sa scolarité à la medrassa Ben Youssef de Marrakech. Il a eu la chance d’avoir un maître traditionnel qui apprenait à ses élèves la logique d’Aristote traduite en arabe", nous confie-t-il.

Grande figure du mouvement national, auteur de plusieurs ouvrages politiques et littéraires invitant à la réflexion et au dialogue, et d'un recueil de poésies, Abdallah Ibrahim (1918-2005) est un homme politique marocain progressiste, également professeur de l’enseignement supérieur. En 1945, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il s’inscrit à la Sorbonne, à Paris, où il côtoie, entre autres, André Breton, Jean-Paul Sartre et Louis Aragon…

En 1956, il est nommé ministre du Travail dans le premier gouvernement post-indépendance, puis devient ministre de l’Emploi et des Affaires Sociales dans le second gouvernement. Deux ans plus tard, il est nommé, par le roi Mohammed V, Président du conseil du gouvernement et ministre des Affaires Etrangères. 

Abdallah Ibrahim et Hassan Benaddi se connaissaient. Ils s'étaient déjà côtoyés, en tant que militants, aussi bien en politique que dans les milieux du syndicalisme. Au début des années 70, alors qu'il officiait au journal Maghreb Informations (le quotidien de l’Union marocaine du travail -UMT), Hassan Benaddi avait pour habitude de traduire, chaque vendredi, les éditoriaux hebdomadaires de Abdallah Ibrahim publiés dans la presse ittihadie.

"Hassan Benaddi offre à la Fondation Abdallah Ibrahim, avec cette traduction, une contribution remarquable tant sur le plan humain que politique", témoigne de son côté Tarik Ibrahim, président de cette Fondation, et fils du défunt, en avant-propos de cette traduction au français.

Pour Hassan Benaddi, cet essai, Contre Vents et marées, est toujours d’actualité, parce que la problématique du Maghreb est d’une actualité brûlante aujourd’hui.

"Les grands changements qui s’opèrent dans les relations internationales amènent à dire que les vents, qui étaient toujours contraires, vont être favorables", affirme ce militant politique, ajoutant que le Maroc s’est toujours inscrit dans la posture correcte et n’a jamais conçu son destin autrement qu’au sein d’un ensemble plus grand qui s’appelle le Maghreb.

C’est la raison pour laquelle, dit-il, le Royaume, à travers sa diplomatie, s’est toujours empêché d’insulter l’avenir.

Aux yeux de l’ancien secrétaire général du PAM, la réflexion de Abdellah Ibrahim va dans le même sens, en mettant l’accent sur deux aspects fondamentaux. D’une part, la facticité des frontières imposées par la colonisation. D’autre part, les problématiques du développement, qui ne peuvent se concevoir que dans le cadre d’une appartenance à un grand ensemble.

"J’ai pensé que c’est une attente à la fois sur les plan géopolitique et socio-économique, d’autant plus que le Maroc attend en ce moment le rapport sur le nouveau modèle du développement. Je pense que ce livre est une bonne pièce à verser à ce débat", explique Hassan Benaddi.

La préface de cet essai, signée du traducteur, témoigne de la dernière audience qui a été accordée par le Roi Mohammed VI à Abdallah Ibrahim.

Par Wadie El Mouden et Khalil Essalak
Le 28/02/2021 à 13h38