Une commission d'aide à la chorégraphie sans chorégraphes!

Festival "On danse à Marrakech".

Festival On danse à Marrakech. . DR

La commission d'aide à la musique et aux arts chorégraphiques a dévoilé la liste des bénéficiaires de la première session 2016-2017. La composition de la commission est étonnante dans la mesure où elle ne compte aucun chorégraphe. Explications.

Le 30/12/2016 à 19h46

Aucun chorégraphe marocain ne figure parmi les membres de la commission du fonds d’aide au soutien à la musique et aux arts chorégraphiques. «C’est un dysfonctionnement parmi tant d’autres au sein de cette commission sous la tutelle du ministère de la Culture» confie le chorégraphe Khalid Benghrib dans un entretien accordé à Le360.

La composition de cette commission, qui a pour principal objectif d’examiner les œuvres candidates à la subvention, attire l’attention. «Comment peut-on juger une œuvre chorégraphique si on ne dispose d’aucune connaissance en danse contemporaine et en art chorégraphique?» déplore le chorégraphe marocain, fondateur de la compagnie 2 Kfar.

L’artiste, auteur de plusieurs pièces chorégraphiques, dont l’une des dernières intitulées The black table déclare qu’il est temps pour cette commission de revoir tout son mode de fonctionnement. «Ce n’est pas de cette manière que nous allons contribuer au développement des arts chorégraphiques au Maroc. C’est un art autonome qui doit être promu à travers l’institution de centres chorégraphiques nationaux, à l’image de ce qui se passe en France par exemple», ajoute Khalid Benghrib.

Meryem Jazouli chorégraphe et fondatrice de l’espace Darja à Casablanca est du même avis. «Il faut qu’il y ait quelqu’un du métier dans cette commission pour savoir lire un dossier». Et d’ajouter: «Nous avons le sentiment de ne pas être pris au sérieux».

Outre l’absence de légitimité de cette commission, Meriem Jazouli, tout comme Khalid Benghrib, pense que le fait qu’il n'y ait qu'une seule commission qui subventionne à la fois la musique et la danse est aberrant. «C’est comme si on confondait peinture et pâtisserie».

Le budget global réservé au soutien à la musique et aux arts chorégraphiques, durant la dernière session de 2016 est de 9.180.000 DH et seul 590.000 DH ont été consacrés à la danse. Un montant dérisoire, selon Meriem Jazouli qui a déjà fait les frais de ce fonds d’aide. «J’avais postulé pour un complément et j’ai fini par abandonner car c’était beaucoup de tracas».

La révision de cette commission d’aide devient donc de plus en plus pressante selon plusieurs professionnels de la danse au Maroc.

Composition de la commission présidée par Haj Younes

Najia Aataoui

Mourad Kadiri

Ahmed MahjourMustapha Regragui

Omar Amarir

Khalid Nokry

Said Mosker

Fouad Chaari.

Par Qods Chabaa
Le 30/12/2016 à 19h46