Décidément, le colérique Mohamed Laâraj ne maîtrise pas ses dossiers. Une vérité que mettent en évidence les responsables mêmes du département, Culture et communication, dont il a la charge. L’occasion de ce propos est le communiqué diffusé hier mardi 13 février par ce département, via la Direction du Livre, où il dément formellement une information pourtant vérifiée et recoupée par le360 auprès du directeur du Livre, Hassan El Ouazzani, établissant l’exposition par un éditeur égyptien d’un livre affichant la carte du royaume du Maroc tronquée de son Sahara.
«L’information est véridique», avait bel et bien confirmé le Directeur du Livre, dans une déclaration recueillie et enregistrée par le360. Dans cette déclaration, le responsable de cette direction a en effet assuré que le livre, par lequel le scandale est arrivé, «a été retiré quelques heures» après son exposition.
Lire aussi : Scandale. SIEL 2018. Un éditeur égyptien expose la carte du Maroc tronquée de son Sahara
Or, quelle n’a été notre surprise de découvrir, après cette confirmation, le département de Mohamed Laâraj se fendre hier 13 février, à la nuit tombante, sur le fil de la MAP, d’une «mise au point» démentant formellement qu’un quelconque livre préjudiciable à l’intégrité territoriale du royaume ait été exposé au Salon de Casablanca. «La commission du contrôle a vérifié tous les livres exposés dans le pavillon réservé aux éditeurs» et «s’est assurée que le livre en question n’était pas exposé».
Vous avez bien lu: «la commission du contrôle s’est assurée que le livre n’était pas exposé». Une allégation démentie par l’aveu même du directeur du livre, qui a bel et bien reconnu que «le livre en question a été retiré quelques heures» après son exposition.
Lire aussi : Mohamed Laâraj: un ministre qui perd ses nerfs
Ce n’est pourtant pas ce que précise la présumée «mise au point» du département de Mohamed Laâraj. «La Commission mixte représentant les différents secteurs gouvernementaux a procédé au retrait de certains livres qui allaient être exposés au SIEL», indique le communiqué, laissant ainsi entendre que le livre controversé n’a nullement été exposé.
On aurait pu s’arrêter à ce stade du déni de la vérité, que l’irascible ministre Laâraj semble faire sien. Mais passons, car monsieur Laâraj, inconnu des milieux de la culture, -il était enseignant des «litiges administratifs» à la Faculté des sciences juridiques de Fès-, ne s’est pas arrêté à ce stade. Il s’est permis aussi de faire aux journalistes la leçon sur les règles de leur métier! «Par la même occasion, la Direction invite les journalistes à vérifier les informations avant de les publier et à se conformer aux dispositions du Code de la presse et de l’édition», a-t-il professé, dans la prétendue «mise au point» dont il nous a gratifiés!
Il faut souligner que le ministre Laâraj n’en est pas à sa première sortie intempestive et alarmante. Le seul exploit qu’il a «réussi» jusqu’ici, c’est d’avoir fait l’unanimité contre lui. Outre les journalistes, qu’il ne semble pas porter dans son coeur, il s’est aliéné les professionnels du théâtre, de la musique, du livre et des arts plastiques en bloquant, sous couvert de «transparence», et pendant longtemps, toutes les subventions octroyées par l’Etat à titre d’aide à la production artistique et intellectuelle. Paraît-il, en coupant les vannes de l’aide publique aux artistes et professionnels de la culture, il voulait se démarquer par rapport à ses prédécesseurs, ignorant un principe de base qui s’appelle la continuité de l’Etat. Et immobilisant de la sorte une aide qui permettait aux artistes et aux professionnels de l'art de s'exprimer.