Enchères du plésiosaure: les organisateurs disposés à le retirer de la vente

DR

Binoche et Giquello, l'étude qui organise la vente du 7 mars à l'hôtel Drouot à Paris, réagit à la polémique suscitée par la vente du squelette du plésiosaure marocain, vieux de 66 millions d’années. Elle assure que le lot sera retiré de la vente si les autorités françaises l’exigent. Les détails.

Le 28/02/2017 à 18h56

L’affaire de la vente à Paris du squelette du Zarafasaura oceanis, un plésiosaure marin vieux de 66 millions d’années, provenant du bassin des phosphates de Khouribga, crée la polémique. Tout est parti d’une information publiée sur lefigaro.fr. Le site du quotidien français a relayé le communiqué de la société de ventes aux enchères Binoche et Giquello qui organise la vente «Nature et merveille» du 7 mars à l'hôtel Drouot.

Cette information a interpellé, voire même choqué l’association marocaine pour la protection du patrimoine géologique du Maroc (APPGM). La géologue Hasnaa Chennaoui, la secrétaire générale de l’association, a confié à le360 que des membres de l’APPGM avaient cherché à se renseigner auprès d’Ahmed Belkhdim, le directeur de la géologie au sein du ministère de l’Energie et des mines afin de savoir si ce squelette avait été autorisé à quitter le territoire marocain. La réponse étant non, l’association demande la restitution du plésiosaure marin au Maroc.

Du côté des organisateurs de la vente, Binoche et Giquello, l’heure est à l’inquiétude. Alexandre Giquello, le commissaire-priseur, affirme à le360 que ce genre de polémique nuit à la réputation de sa société et que si jamais les autorités françaises demandent à ce que le lot soit retiré de la vente, lui et son équipe s’exécuteront sans rechigner.

«Une bataille juridico-éthique, cela ne nous intéresse pas. Nous voulons assurer la sérénité de la vente publique», déclare t-il avant d’ajouter: «Si les autorités françaises nous demandent d’arrêter la vente, on le fera».

Binoche et Giquello n'a donc pas l’intention de polémiquer sur le sujet et compte bien s’exécuter à la demande des autorités françaises, si le Conseil des ventes publiques qui agit sous la tutelle du ministère français de la Justice intervient. Mais pour l’instant personne ne les a contacté, affirme le commissaire-priseur à le360.

Alexandre Giquello révèle par ailleurs que les vendeurs ne sont autres que des antiquaires italiens. Ces derniers, après avoir acheté des parties du squelette à la Foire de Munich en Allemagne en 2015, ont mandaté un laboratoire italien pour sa reconstitution. «C’est un travail minutieux que celui de reconstituer ce plésiosaure à partir de quatre fossiles différents et appartenant à quatre spécimens de la même espèce. Le squelette a été reconstitué à 75% à partir de fossiles et les 25% restants à partir de résine», précise le commissaire-priseur.

Notre source souligne qu’au cas où le spécimen était retiré de la vente et restitué a priori au gouvernement marocain, il s’agirait d’une perte sèche pour les antiquaires italiens. «Les antiquaires italiens ont entrepris leur achat de manière tout à fait légale. Les pièces sont sorties de Munich tamponnées par la douane, même chose à leur arrivée en Italie, puis en France il y a trois mois», explique notre source. Et y'a-t-il un tampon de la douane marocaine? «En principe oui. Puisque pour arriver à la Foire de Munich, les fossiles doivent répondre à des obligations administratives et les Allemands sont très regardants sur ce genre de choses», répond le commissaire-priseur.

Pour cette vente du 7 mars, le spécimen du Zarafasaura oceanis est estimé à 450.000 euros. Il reste à savoir si les autorités marocaines vont marquer de l'intérêt pour s'opposer à la vente de ce patrimoine national et si le ministère de l'Energie et des mines, que dirige Moulay Hafid Elalamy, va enfin se bouger pour diligenter une enquête.

Par Qods Chabaa
Le 28/02/2017 à 18h56