Le ciel, les anges et... ma mère

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ChroniqueCe n’est pas que je ne veuille pas vous parler une fois encore du gouvernement, du blocage, de l’attente et de tout ça, mais je n’ai absolument rien à en dire. Et je suis sûr que vous non plus.

Le 24/01/2017 à 12h00

Alors, tant qu’à faire, il vaut mieux que ni vous ni moi n’inventions, ni n’affabulions, ni ne spéculions. Comme dirait l’autre qui, lui non plus, n’en sait pas plus que nous: "Laisse ce chameau endormi!" Jusqu’à quand? Allez savoir!

Heureusement qu’il y a la pluie, la grêle, la neige et, bien entendu, le beau temps. Ce sont les nouveaux sujets qui constituent la base de toutes les discussions, dans tous les milieux, des plus luxueux aux plus miteux. Cela dit, je les comprends un peu.

D’abord, la pluie, c’est notre pétrole à nous. Dès qu’il en tombe quelques gouttes, surtout après une période de disette plus ou moins longue, j’ai l’impression que pour la plupart des gens, il est tombé des pépites d’or, y compris pour ceux d’entre nous qui ne connaissent de la campagne et de la terre que ce qu’ils aperçoivent à travers les vitres fumées et fermées de leurs bagnoles.

Justement, parmi ceux-là, il y en a qui jouent aux malins, notamment parce qu’ils en ont les moyens, et qui vous disent que la pluie est bonne aussi parce qu’elle "nettoie les cœurs". Si au moins, après la sortie de leurs cœurs du pressing, ils lient leur philosophie avec des actes et qu’ils sortent leurs chéquiers ou leurs portefeuilles et qu’ils réchauffent les cœurs de ceux, nombreux, que la pluie met encore plus à nu dans leurs corps frêles et menus.

Je n’aime pas trop les discours misérabilistes et populistes mais il y a des fois où j’en ai une forte envie, ne serait-ce que parce que ça me permet de lancer quelques pics à tous ceux qui ont beaucoup de fric et qui n’en donnent à personne, même pas à moi d’ailleurs. Alors, je me venge comme je peux.

Avant de fermer le registre de la pluie et compagnie, j’aimerais, juste en passant, faire un petit clin d’oeil à certains de mes ami(e)s r'bati(e)s qui ont récemment confondu la grêle avec la neige, ce qui a poussé certains comme moi à en ricaner un peu, mais entre nous, il y avait bien de quoi.

Cela dit, je pense que les gens de Rabat ont des circonstances atténuantes puisque vivant dans la capitale administrative du pays, ils en voient de toutes les couleurs et finissent par confondre ministres et mineurs, parlementaires et grabataires, diplômés et chômeurs, vrais commis de l’Etat et faux hauts fonctionnaires, bref, les tout et les moins que rien, alors, pourquoi pas, des petits grêlons et de gros flocons de neige. Après tout, tout ça se transforme en liquide, et quand on n’a pas de liquide, on n’a pas de blé, et ainsi la boucle est bouclée.

J’en discutais justement hier avec ma mère qui n’a jamais pu comprendre comment il se fait que j’ai bossé comme un dingue pendant des années dans la pub, donc, dans un milieu, Le Milieu, où il y avait plein l’oseille, et que je sois aujourd’hui presque sur la paille.

J’ai beau lui expliquer qu’elle et mon père sont un peu et même beaucoup responsables de cette affaire car ce sont eux qui m’ont toujours appris qu’il ne fallait pas mentir, qu’il ne fallait pas tricher, qu’il ne fallait pas voler, pardon, qu’il ne fallait pas piquer l’argent des clients mais leur demander juste ce qu’il faut, et, à la fin, déclarer le tout aux impôts...

Alors, maman, tu vois, j’ai fait tout ça, comme tu m’as dit, et résultat, j’attends comme tout le monde, enfin, tout le monde qui est naïf et angélique comme moi, que la prospérité me tombe du ciel sur la tête, et là, maman, je vais te gâter, je ne te dis pas...

Toi qui aimes tellement la Mecque, je vais t’y envoyer et tu seras bien accompagnée, mais moi, je m’envolerai au paradis, j’irai à Rio, de Janeiro, parce que, d’abord, là-bas, il n’y a ni burkini ni burka, mais surtout là-haut, il y pleut beaucoup, et en plus, il y fait toujours beau. Le paradis, je te dis, maman.

Oui, mais tout ça, si et seulement si, un jour j’arrive à gagner beaucoup de blé et ça, ce n’est pas gagné. Alors, je t’en prie, maman, prie pour ton cher fils, et puis, puisque tu y es, prie aussi pour le Maroc, d’abord pour que ce mardi, il se qualifie, et ensuite, pour qu’il arrive enfin à avoir un gouvernement comme tout le monde, parce que vraiment, ça commence à bien faire!

En attendant, je vous dis vivement une place au soleil pour tous et pour toutes et surtout pour moi. Et vivement mardi prochain!

Par Mohamed Laroussi
Le 24/01/2017 à 12h00