Sexe, Benkirane et Vidéo

Michel Teuler

ChroniqueJe n’ai pas voulu regarder cette vidéo in extenso. 1 heure et 20 minutes de verbiage d’un islamiste souffrant visiblement du délire de la folie des grandeurs, manifestement non soigné, c’en est trop pour moi.

Le 17/01/2019 à 15h13

Près de Ouarzazate, dans le sud du Maroc, haut lieu de tournages cinématographiques, s’édifie actuellement ce qui sera, à terme, la plus grande centrale solaire de la planète.

Noor I, première phase de ce vaste projet, avait été inaugurée par le roi voici deux ans, en février 2016, et les quatre unités de la centrale, qui en est actuellement à sa seconde phase, feront de Noor Ouarzazate le plus grand site de production solaire multi-technologique au monde, avec une capacité de 580 Mégawatts.

Ce Maroc en marche vers le progrès, vers des technologies avancées, vers un savoir de plus en plus sophistiqué, je veux y croire. Voilà notre avenir.

Je n’ai pas envie de rire, cette semaine, non, pas même un rire sarcastique, ou ironique… Lundi dernier, une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux, diffusée, dit-on, par des «proches» de celui qui a été le chef du gouvernement du Maroc et le secrétaire général d’un parti qui tente, par tous les moyens, de nous mener à notre perte.

Abdelilah Benkirane, titulaire d’une licence en sciences physiques péniblement arrachée, a été, en tant qu’islamiste assumé, le représentant d’un peuple non encore éduqué, dont il s’est joué et continue de le faire. Cet excellent comédien sert aux Marocains une soupe idéologique aux antipodes d’un développement pourtant souhaité au plus haut sommet de l’Etat.

Je n’ai pas voulu regarder cette vidéo in extenso. 1 heure et 20 minutes de verbiage d’un islamiste souffrant visiblement du délire de la folie des grandeurs, manifestement non soigné, c’en est trop pour moi.

Un extrait de celle-ci, de 13 minutes, diffusé par Le360, lundi dernier, a amplement suffi à me conforter dans ma conviction, bâtie depuis plusieurs années.

Le discours que Monsieur Benkirane a servi, dimanche 13 janvier dernier, à Rabat, à des Marocains résidents à l’étranger est essentiellement axé sur le sexe, dans ses différentes variantes: la pénalisation de l’homosexualité, la façon dont doivent être attifées les femmes (tifs or not tifs? That is the question). Et puis… Pour toucher la corde sensible de son assemblée, il ne manque pas d’évoquer ses enfants, qu’il a incités à accomplir leur prière de bon matin –petite larme au passage, histoire d’émouvoir son petit monde… Avant de vite relever la tête, et de faire semblant de se reprendre.

Abdelilah Benkirane souhaite revenir en politique, après avoir échoué, en mars 2017, et après cinq mois de blocage, à former un nouveau gouvernement. Un scandale à connotation sexuelle en est visiblement l’élément déclencheur: en retirant son voile à Paris –destiné, selon l’idéologie islamiste, à cacher une chevelure excitant sexuellement les hommes- Amina Maelainine, députée du Parti de la Justice et du Développement, a été à l’origine d’une tempête.

Dans ce premier discours de M. Benkirane, annonçant son retour sur la scène politique, il n’est aucunement question de développement infrastructurel, technologique, de la nécessaire réforme de l’éducation, de stratégies destinées à accompagner le soutien des plus vulnérables parmi les Marocains, ni même d’une redistribution plus équitable des richesses.

Monsieur l’islamiste n’y parle quasiment que de sexe, et entend faire son retour en politique à la faveur du scandale (à connotation sexuelle) d’Amina Maelainine. 

Une scène rapportée en février 2016 par les médias sur Benkirane, alors en fin de mandat, m’est restée en tête.

A l’inauguration de la centrale Noor I, celui qui était pourtant, à cette époque, un haut dignitaire, puisque chef du gouvernement, s’était discrètement fondu dans la nombreuse foule qui compose la cour royale.

A un moment donné, Mohammed VI a vainement cherché des yeux son chef du gouvernement. Puis s’est lancé, impatienté, à sa recherche, au beau milieu des centaines de courtisans, où l’islamiste alors de service tentait de se faire oublier.

Le roi a fini par le trouver, et l’a, sans ménagements, placé devant lui: «zid keddami a Ssi Benkirane» («avancez devant moi, M. Benkirane»). 

La cour, médusée, a alors assisté à ce spectacle inédit: un roi du Maroc, avançant à grandes enjambées derrière un islamiste ridiculisé, forcé de presser le pas.

Cette évidence: ce n’est pas l’obnubilation de nos chers barbus pour la chose sexuelle qui fera avancer notre pays.

Benkirane l’a déjà bien compris. Il n’est pas intellectuellement outillé pour assumer sa charge comme il le faudrait.

Cet homme, à deux ans des élections législatives, ment au peuple. Par soif pour le pouvoir. CQFD.

Par Mouna Lahrech
Le 17/01/2019 à 15h13