Khawa Khawa

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ChroniqueJe fais partie de cette meute qui rêve de voir l’Algérie remporter la CAN. Puisque le Maroc ne le peut pas, autant que ce soit l’Algérie. Khawa Khawa, mon frère.

Le 13/07/2019 à 09h03

J’avoue, j’adore l’Algérie, son histoire, son peuple, sa musique, sa littérature, son cinéma. Et son football, bien sûr. J’adore aussi l’accent buté et chantant des garçons et des filles d’Oran, Alger, Constantine ou Annaba.

Quand je voyage loin du Maroc, les premiers confrères, les premières personnes avec lesquelles j’établis tout de suite, très spontanément, un dialogue et un contact chaleureux sont les Algériens. C’est comme ça. Ça vient du cœur Ya Khouya.

Loin de la politique, qui est quelque chose de versatile et qui n’impacte pas forcément le sentiment profond d’une société, nous savons très bien que les peuples marocain et algérien sont très unis, très proches l’un de l’autre. Ils s’aiment et se respectent, ils se soutiennent aussi. Malgré cette frontière stupide de Zouj Bghal, qui est une honte, oui une honte.

Cette frontière, ces «Zouj Bghal» (littéralement «les deux mulets») finiront par sauter. L’origine du problème ne remonte pas seulement à l’affaire du Sahara mais bien avant, dès l’arrivée de la France en Algérie dans le XIXème siècle. Il y a eu par la suite ces problèmes liés à la décolonisation et au redécoupage des frontières des jeunes Etats indépendants, au Maroc et en Algérie, avec aussi des problèmes de rivalités et d’égos apparus ici et là.

Tous ces problèmes sont logiques et prévisibles. Bientôt, quand ils seront évacués, on comprendra aussi qu’ils sont ridicules.

Mais laissons de côté cette vieille histoire et ces querelles politiques. C’est comme on dit «peanuts», beaucoup de bruit et de poussière pour rien ou pas grand chose. Revenons à l’humain, parce que l’humain ne ment pas.

Depuis l’élimination du Maroc de la CAN qui se joue en Egypte, les Marocains ont choisi leur camp: tous derrière l’Algérie. Et viva Algiria! J’ai vu les deux derniers matches, au couperet, de la sélection algériennne. J’étais installé dans des café populaires, où les réactions relèvent de l’instinctif, sans rien de prémédité.

En huitième de finale comme en quart, chaque fois que les Algériens marquaient un but, le café explosait littéralement. Les gens se congratulaient, chantaient «one two three viva l’Algérie» et se jetaient dans les bras des uns et des autres.

Je suis pourtant sûr qu’aucun de ces fans n’a jamais mis les pieds en Algérie. Par la faute de cette stupidité des «Zouj Bghal» qui ferment deux territoires qui ne rêvent que de faire voler ces frontières!

A Fès, un café populaire a installé une banderole qui dit quelque chose comme: «Je suis Marocain donc je suis Algérien». C’est beau parce que ça traduit un sentiment quasi national et général. La majorité des Marocains se sentent comme ça, heureux pour leurs frères algériens.

Je fais partie de cette meute qui rêve de voir l’Algérie remporter cette CAN. Puisque le Maroc ne le peut pas, autant que ce soit l’Algérie. Khawa Khawa, mon frère. Nous ferons la fête et nous célébrerons la victoire de l’Algérie parce que ça sera la nôtre aussi.

One two three…

Par Karim Boukhari
Le 13/07/2019 à 09h03