Un chef de parti marocain a eu, récemment, l’idée de combattre l’expansion du sionisme. Bien lui en a pris. Mais comment ? En retirant la nationalité aux juifs marocains qui vivent en territoire palestinien. Avant cela, d’autres « chefs » ont eu l’idée de criminaliser les Marocains qui se rendent en Israël.
Et puis quoi encore ? Jusqu’à quand allons-nous proposer des idées bêtes et dangereuses, sous couvert de venir en aide à une terre et à un peuple qui souffrent ?
Ces idées sont comme des serpents de mer qui reviennent à chaque poussée de fièvre en Israël et dans les territoires palestiniens. En dehors de leur support idéologique, qui n’est que du vent, elles ne sont ni réalistes ni justes.
Donald Trump a décidé de transférer son ambassade à Jérusalem ? C’est choquant et c’est inacceptable, alors réagissons, faisons quelque chose, nous n’allons quand même pas rester les bras croisés. Jusque-là, tout va bien... C’est la suite, c'est-à-dire la nature de l’action à mener, qui pose problème.
Notre manière de «marocaniser» le problème palestinien ne sert pas les Palestiniens. Elle ne nous sert pas non plus. Bien au contraire. Jeter en prison les Marocains qui vont en Israël ou «démarocaniser» les Israéliens d’origine marocaine, c’est une manière de se donner bonne conscience. En décrétant n’importe quoi!
De tous mes voyages professionnels, et ils ont été nombreux, celui qui m’a amené à l’intérieur d’une colonie israélienne près de Bethléem, en Cisjordanie, est sans doute le plus horrible. Je pèse mes mots. Le spectacle de la ville sainte palestinienne encerclée par des champignons (les colonies) est un cauchemar qui me hante encore. Pour ainsi dire, Bethléem est une ville en état de siège. Les «champignons» qui l’assiègent sont de jour en jour plus gros, plus nombreux, et sans doute plus vénéneux.
Bethléem est un cauchemar, mon cauchemar, mon problème. Mais ce n’est pas la déchéance de nationalité des « Marocains » qui y résident ou la criminalisation-diabolisation de ceux qui s’y rendent qui réglera mon problème!
Un jour, d’ailleurs, en racontant ce voyage à des amis, je me suis vu répondre par l’un d’eux : «Eh bien, c’est pour cela qu’il faut éradiquer Israël de la surface de la terre et jeter tous les juifs à la mer !».
Mon ami plaisantait mais beaucoup ne plaisantent pas quand ils émettent une telle ignominie. L’idée d’effacer Israël et de brûler les juifs ou de les jeter à la mer a toujours le vent en poupe. On ose même prétendre qu’elle n’a rien à voir avec l’antisémitisme et qu’elle ne touche en rien l’inaltérable cohabitation paisible et bienheureuse que nous offrons à «nos» juifs.
Nous sommes de cette culture. Nous avons grandi avec ces idées et ces idées ont grandi avec nous. Elles sont bien calées au fond de notre esprit, comme si nous étions condamnés à les porter. C’est pourtant ces idées qu’il faut rayer de la carte ou jeter à la mer. Pour commencer...