Les termes Money time et Botola Pro riment bien depuis une petite semaine. En effet, notre cher bon championnat va vivre son sprint final avec 10 journées haletantes, qui détermineront la nouvelle hiérarchie du football national.
Si la RSB semble bien partie pour rafler le titre, les deux principaux animateurs de la saison dernière, le Raja champion en titre et son dauphin l’AS FAR, sont largement distancés.
Le premier nommé est miné par une gouvernance défaillante et des résultats plus que décevants, alors que les militaires n’ont toujours pas digéré la perte du titre et de la Coupe du Trône lors de la saison 2023/2024, sur le fil.
L’humoriste algérien Fellag se plaisait dans de ses sketches à décrire la situation dans son pays en ces termes: «Je ne sais pas pourquoi chez nous, en Algérie, aucune mayonnaise ne prend. Rien ne marche, rien ne tient, rien ne dure».
Ces propos peuvent parfaitement convenir à la situation de nos clubs, et en particulier, à ceux qui doivent servir de locomotive. Le Raja et l’AS FAR ont vécu une saison idyllique avant de changer de cap à 180 degrés.
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Aujourd’hui, ces deux formations rivalisent, non pas en termes de résultats, mais plutôt dans le changement entraîneurs. Une politique sans fil conducteur, ni vision à moyen et/ou long terme.
Prenons le cas du Raja, qui a usé et abusé du jeu des chaises musicales. Le casting des coachs a surtout brillé par le manque de cohérence, ou plutôt d’une notion bien de chez nous: «la cohérence dans l’incohérence».
La recette est savoureuse, amenez un technicien bosnien sans aucun pedigree, ne faites surtout pas de préparation foncière d’avant saison, remuez un peu, puis limogez-le après quelques semaines.
Faites provisoirement confiance à un ex du club comme Jinani. Laissez-le gagner trois matchs d’affilée, puis contactez une kyrielle de coachs de différentes nationalités. Puis, décantez-vous pour un Sa Pinto qui n’a rien compris, ni rien appris de l’environnement Raja ni de la grande histoire du club.
Faites pourrir la situation et appelez au secours un adjoint du calibre d’Abdessadek, en lui donnant les clés du camion, même s’il n’en a peut-être pas l’étoffe.
Enfin, ajoutez une pincée de polémique avant de convoquer, en toute urgence, un entraîneur tunisien qui est déjà passé par cette maison, histoire qu’il mette un peu de piquant à une recette sans saveur. Ou plutôt de l’Harissa. La recette a, après tout, bien marché en 2021.
Si le Raja a battu tous les records avec cinq coachs, à l’AS FAR la fièvre acheteuse a touché les dirigeants, à trois reprises, avec des symptômes différents, mais avec le même manque de logique que chez les Vert et Blanc.
Les dirigeants ont multiplié les pas de danse: commencer avec de la Polka, via le très austère Michniewicz, en passant par les rythmes africains mâtinés d’accent lyonnais, concoctés par Hubert Velud, pour finir par un Fado, typiquement de l’Algarve d’Alexandre Santos.
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Le mal réside dans le fait, que faute de direction sportive dans le vrai sens du terme, ces deux entités, comme la plupart des clubs de la Botola, font appel à des agents qui leur proposent des noms et des curriculums vitae.
Dans l’obligation de répondre aux exigences des supporters, ils finissent par jeter leur dévolu sur un nom, en se basant sur quelques rapports techniques, possiblement d’un entretien et de prétentions salariales raisonnables.
À partir de là, vogue la galère, et puis dès que les résultats ou le style de jeu ne plaisent pas, on accélère le processus de séparation, sur fond du refrain de Jacques Brel. Au suivant.
Le cas de ces deux entités n’est qu’un exemple parmi d’autres, car le DHJ et le MAT ont usé trois coachs, sans aucun fil conducteur. Idem pour le MAS et son voisin le CODM, qui ont consommé deux patrons techniques, en attendant que le flou entre l’OCS et Amine Karma s’éclaircisse.
Chaque club a suivi un cheminement particulier mais avec la même conclusion et la même issue: une séparation à l’amiable ou pas, des litiges en perspective ou un arrangement de la part du coach, pour ne pas insulter l’avenir et retrouver un jour un fauteuil de choix dans un autre club, au détour d’un coup de fil-recommandation du président.
Des présidents qui ont la gâchette facile, et qui se dédouanent avec un petit mea culpa via les réseaux sociaux ou les médias. Pendant ce temps, les supporters et les médias, toujours cohérents dans leur incohérence, accompagnent le parcours d’un entraineur avec leurs trois verbes favoris: lécher, lâcher et enfin, lyncher.
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