Vidéo. Interdire l'accès à un établissement privé aux femmes voilées? Voici ce qu'en dit la loi marocaine

KHADIJA SABBAR / LE360

L'interdiction d'accès des établissements privés aux voilées est, selon les termes de la loi en vigueur, une ségrégation de genre. C'est un délit et c'est puni par la loi. Explications.

Le 22/07/2021 à 13h51

L’interdiction d’accès à une femme voilée récemment signalée dans un restaurant de Rabat a scandalisé l’opinion publique. Sur les réseaux sociaux, plusieurs Marocaines voilées ont témoigné de la ségrégation dont elles ont été victimes à plusieurs reprises dans des lieux privés en général et des restaurants en particulier.

Dans ces témoignages, ces femmes ont raconté qu’elles ont été sommées de ne pas s’installer dans les premiers rangs et une place loin des regards leur avait été réservée. «Comme si porter un voile était un tare», écrivent certaines d'entre elles. L’absence d’explication logique et valable face à cette interdiction les irrite davantage et les plonge dans une totale incompréhension.

Pour savoir ce que dit la loi marocaine face à ces interdictions de la part de gérants de restaurants ou de piscines publiques où souvent les voilées sont perçues d’un mauvais œil, Le360 a interrogé Meryem Idrissi, avocate au barreau de Casablanca.

Pour cette femme de loi, cette interdiction est une ségrégation de genre. Et la ségrégation de genre est clairement punie par la loi marocaine, selon l’article 2403 du code pénal.

« Etant donné que les hommes ne portent pas de voile, ce fait est clairement de la ségrégation de genre et c’est puni par la loi. L’auteur de ce délit est puni d’une peine d’emprisonnement pouvant aller entre 1 mois et 2 ans de prison assortie d’une amende entre 1500 à 50.000 dirhams», précise Me Meryem Idrissi.

L’avocate est claire, ce type d’interdiction est une véritable atteinte aux libertés individuelles.

Qu’en est-il des femmes qui se voient interdire l’accès aux piscines privées? Abdel, propriétaire d’une piscine privée sur la corniche de Ain Diab à Casablanca est catégorique: «moi, personnellement je ne sais pas ce que c’était un burkini. Je connais le maillot. Maintenant pour être franc et clair, nous ici on ne laisse pas les gens nager avec leurs habits civils pour des raisons d’hygiène. Et c’est le cas aussi ailleurs. Mais à partir du moment que les femmes se changent et qu’elles mettent une tenue de baignade où elles sont à l’aise, on n’y voit pas d’inconvénients». 

Par Ghania Djebbar et Khadija Sebbar
Le 22/07/2021 à 13h51