L'hypercholestérolémie ou l'augmentation dans le sang du mauvais cholestérol, appelé également LDL cholestérol peut engendrer de nombreuses complications, notamment l'infarctus du myocarde (attaque cardiaque) et l'accident vasculaire cérébral, indique le Pr Ahmed Bennis, médecin cardiologue, dans un récent travail scientifique, paru dans la revue Doctinews (numéro 153, avril 2022).
Pour cet ancien président de la société marocaine de cardiologie, l'hypercholestérolémie ou augmentation du taux sanguin du mauvais cholestérol, qui est un trouble du métabolisme des lipides, peut être favorisée par par l'avancement dans l'âge, l'excès en poids, le tabagisme, l'excès d'alcool, le manque ou l'absence d'une activité physique régulière ainsi qu'une mauvaise alimentation.
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Et les femmes semblent avoir un taux de cholestérol moins élevé que les hommes. Ce privilège féminin serait en rapport avec une certaine protection hormonale assurée par les oestrogènes. Mais, cette piste est de plus en plus contestée. Et les femmes seraient exposées au même titre que les hommes à l'augmentation du mauvais cholestérol.
Pour le Pr Ahmed Bennis, ancien chef de service de cardiologie au CHU Ibn Rochd de Casablanca, si certains des facteurs prédisposants à l'hypercholestérolémie ne peuvent être modifiés, il est en revanche fortement possible d'agir sur les autres facteurs comme l'alimentation et l'exercice physique.
Ainsi, précise-t-il, les études ont montré que la modification des habitudes alimentaires et la pratique régulière d'une activité physique permettent de baisser significativement le taux du mauvais cholestérol dans le sang et prévenir de la sorte les nombreuses complications de l'hypercholestérolémie.
Le Pr Ahmed Bennis déconseille de consommer excessivement les graisses saturées que contiennent notamment les viandes rouges et d'opter pour des aliments plus sains.
Et il est important de noter qu'une alimentation saine permet, au-delà de la baisse du mauvais cholestérol, de lutter contre les autres risques cardiovasculaires.
Le régime appelé Méditerranéen est particulièrement recommandé, selon le Dr Bennis, car il contient de nombreux aliments bénéfiques et peu de graisses saturées : légumes et fruits variés, peu de viandes rouges, avec une priorité aux poissons riches en oméga 3 (thon, sardines, maquereau, saumon...).
Une condition majeure, ces poissons doivent être consommés au moins deux fois par semaine pour que l'organisme puisse profiter de leurs bienfaits.
L'huile d'olive est un autre aliment clé pour prévenir l'hypercholestérolémie. Il est riche en acides gras mono-insaturés, dits Oméga-9. Ils font partie des lipides très importants pour l’organisme. Cette huile contribue ainsi à baisser le taux du mauvais cholestérol. Une à deux cuillères à soupe chaque jour, associées à une alimentation équilibrée, sont largement suffisantes.
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La limitation ou la suppression de la consommation d'alcool et l'abandon du tabac sont deux autres mesures qui doivent absolument être respectées, que ce soit pour prévenir l'hypercholestérolémie ou baisser le taux du LDL cholestérol (le mauvais) dans le sang.
Le rôle de l'activité physiquePour le Dr Ahmed Bennis, la pratique régulière d'une activité physique est un élément très important dans la lutte contre l'hypercholestérolémie et ses complications. L'activité physique permet d'augmenter le taux du HDL cholestérol (bon cholestérol) et d'optimiser la prise en charge globale basée sur les médicaments et l’hygiène de vie de l’hypercholestérolémie.
Il faut préciser que le taux de cholestérol HDL est mesuré lors d’un bilan lipidique pour permettre l'analyse du cholestérol.
Le cholestérol HDL étant une lipoprotéine qualifiée de «bon cholestérol» car elle permet de capter l'excès de cholestérol et de le transporter vers le foie afin qu'il y soit éliminé.
C’est pour cette raison que le cholestérol HDL est souvent qualifié de «bon cholestérol», en opposition au cholestérol LDL, qui est quant à lui considéré comme le «mauvais cholestérol». Ce dernier ne peut assurer cette fonction de captation et de véhicule de l'excès du cholestérol pour son élimination par le foie.
En matière de pratique d'une activité physique régulière, ce cardiologue émérite recommande d'opter pour des activités d'endurance comme la marche à pied rapide, le cyclisme, la natation et le cardio-training.
Pour qu'elle soit vraiment bénéfique, l'activité physique doit être suffisamment intense et régulière. Il faut la démarrer progressivement et ne pas se fixer des objectifs difficiles à atteindre.
Concernant la course à pied par exemple, la personne peut commencer par des séances de 25 minutes chacune trois fois par semaine.
Elle doit opter pour un rythme qui lui convient (elle ne doit pas être trop essoufflée ou fatiguée).
Elle pourra par la suite augmenter progressivement la durée de l'entraînement jusqu'à ce qu'elle atteigne 40 ou 45 minutes à raison de trois fois par semaine.
Mais avant de démarrer une activité physique, il est recommandé de consulter un médecin spécialiste en cardiologie, car il est plus apte à aider à choisir le sport qui convient à telle ou telle personne.
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Et pour les personnes âgées de 65 ans et plus, l'OMS recommande de pratiquer chaque semaine au moins 150 min d'activité physique d'intensité modérée, qui correspondent à 75 min d'activité physique d'intensité soutenue. Pour être efficace, l'activité physique d'endurance doit être pratiquée par périodes d'au moins dix min. En conclusion, le cholestérol est vital parce qu’il est indispensable à la synthèse de nombreuses hormones.
Il est aussi un constituant irremplaçable des cellules humaines. La valeur normale du taux sanguin du LDL Cholestérol ou mauvais cholestérol est de 1,30 g/litre de sang, pour une personne indemne de diabète, d’hypertension artérielle ou de tout facteur de risque cardiovasculaire.
*Le Dr Anwar Cherkaoui est médecin. Lauréat du cycle supérieur de l'Iscae, il a été, trente années durant, le responsable de la communication médicale du CHU Ibn Sina de Rabat.