Santé au Maroc: un quart de siècle pour rattraper le retard

Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé et de la Protection sociale, lors de la présentation du budget de ses départements, le lundi 8 novembre 2021 à Rabat.

Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé et de la Protection sociale, lors de la présentation du budget de ses départements, le lundi 8 novembre 2021 à Rabat. . Parlement

Revue de presseKiosque360. Dans une intervention, cette semaine, devant les députés, le ministre de la Santé a mesuré l’ampleur du retard qu’accuse le Maroc dans le domaine de la santé: il est d’un quart de siècle! Cette revue de presse est tirée d'un article du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 28/12/2021 à 19h24

C’est un constat qui ne réjouit personne. Et quand c’est un ministre qui le rappelle, cela donne encore plus d’ampleur à la problématique. Pour rattraper son retard dans le domaine de la santé, le Maroc a besoin d’au moins 25 années. Et là, on ne parle pas seulement des exigences en termes d’investissements dans les infrastructures, mais surtout de mobilisation des ressources humaines nécessaires au fonctionnement optimal du système de santé.

C’est Khalid Aït Taleb, ministre de tutelle, qui a mesuré l’ampleur de ce retard lors d’une séance de questions orales au Parlement, tenue en début de semaine. Dans un premier temps, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du mercredi 29 décembre, le ministre a rappelé que la situation sanitaire exceptionnelle que vit le pays depuis l’avènement de la pandémie avait mis à mal tout l’écosystème de la santé. Elle a également mis à nu ses limites et révélé le fort besoin en réformes structurelles profondes pour mettre le secteur à la hauteur des exigences des Marocains.

Ce constat établi par le ministre n’est pas vraiment nouveau, tient à souligner Al Ahdath Al Maghribia. A plusieurs reprises, par le passé, un état des lieux similaire avait été présenté, sans qu’aucune action concrète n'ait été entreprise pour réellement mettre à niveau le système de santé. Ce qui est peut-être nouveau en revanche, c’est le nombre d'années qu’il faut au pays pour rattraper son retard. Les 25 années nécessaires évoquées par le ministre concernent principalement le besoin en ressources humaines qu’affiche le secteur. Comme l’a expliqué Khalid Aït Taleb devant les députés, le besoin actuel est évalué à 97.000 cadres médicaux et paramédicaux. Or, les différents établissements de formation dans le domaine de la santé ne débouchent que sur 1.200 nouveaux lauréats au maximum chaque année. Ceci sans parler des disparités régionales dans la répartition des ressources disponibles, qui font que certaines zones ne sont quasiment pas couvertes par les services de santé.

Sur ce volet, ajoute le quotidien, le ministre donne déjà certaines pistes qui peuvent aider à la résorption du déficit. La première, et non des moindres, concerne la motivation du personnel de la santé, et particulièrement les cadres marocains qui exercent à l’étranger. Convaincre ces derniers de revenir travailler dans le pays, tout en assurant une bonne gouvernance du secteur, contribuerait à améliorer significativement la situation.

Toujours sur ce registre des ressources humaines, le ministre de la Santé a profité de son intervention pour revenir sur la loi 33.21 récemment promulguée. Elle contribue, d’après lui, à la réforme du secteur, en levant les obstacles entravant l’exercice de la médecine par les étrangers. De même, ajoute le journal, Khalid Aït Taleb a insisté sur le fait que la nouvelle vision dont est doté le secteur repose sur la reconnaissance d’un statut spécial pour le personnel de la santé dans la fonction publique, et ce afin de permettre une gestion plus efficace des ressources humaines en tenant compte des spécificités de ce secteur.

En d’autres termes, le Maroc aura beau engager d’importants investissements dans les infrastructures de santé et mettre en place une gouvernance efficace et efficiente, ce n’est qu’en résolvant définitivement la problématique de l’insuffisance des ressources humaines que l’on pourra réellement envisager un secteur de la santé à la hauteur des attentes des citoyens.

Par Fayza Senhaji
Le 28/12/2021 à 19h24