La thyroïde dans tous ses états

Schéma de la glande thyroïde.

Schéma de la glande thyroïde. . Arnavaz / SuperManu

La thyroïde est une glande qui produit pourtant des hormones. Elle peut être en sous régime, c’est l’hypothyroïdie ou en sur-régime, c’est l’hyperthyroïdie. Ces deux états perturbent tout le fonctionnement de l’organisme.

Le 05/06/2022 à 08h00

Qu’elle fonctionne au ralenti (hypothyroïdie) ou, au contraire, en excès (hyperthyroïdie), les signes cliniques qui illustrent ces pathologies s’installent de façon silencieuse.

Et les femmes sont particulièrement plus touchées, trois à sept fois plus que les hommes. Les différents troubles sont accentués plus en avance dans l’âge

Une thyroïde en sur-régimeA travers le monde, les études scientifiques rapportent que l’hyperthyroïdie concerne entre 0,5 à 2 % des adultes, généralement des femmes. Divers causes sont à l’origine de cette hyperactivité de la thyroïde.

Chez l’adulte jeune, l’hyperthyroïdie est le plus souvent d’origine auto-immune. Le système immunitaire produit des anticorps qui stimulent la thyroïde en permanence et induisent un hyperfonctionnement et une augmentation de la synthèse des hormones thyroïdiennes (T3 et T4).

Au-delà de la soixantaine, l’hyperthyroïdie est le plus souvent la conséquence d’un ou plusieurs modules toxiques sécrétant une grande quantité d’hormones. Il peut s’agir d’un goitre qui est une augmentation du volume de la thyroïde.

Parfois aussi, l’hyperthyroïdie peut être transitoire et se manifester à la suite d’une inflammation de la thyroïde après une grossesse, une infection.

Cette hyperactivité de la thyroïde se traduit par une accélération du rythme cardiaque, des palpitations, mais également de la nervosité, des insomnies, une hyperémotivité, un amaigrissement malgré un appétit croissant, des tremblements, une hypersudation.

Dans la forme auto-immune de l’hyperthyroïdie, la personne peut aussi souffrir d’une atteinte des orbites caractéristiques, avec un œdème des paupières, des yeux rouges et douloureux, parfois une exophtalmie ( yeux exorbités) et une vision double.

Les symptômes peuvent être soulagés avec des médicaments d’action rapide (bêtabloquants pour ralentir le rythme cardiaque, anxiolytiques pour améliorer le sommeil…), tout en prescrivant un antithyroïdien de synthèse à prendre chaque jour, pour diminuer la production d’hormones thyroïdiennes.

Dans certains cas, on propose au patient un traitement définitif: l’ablation chirurgicale totale de la thyroïde (thyroïdectomie) ou la destruction du tissu de la thyroïde par l'iode radioactif ou radiofréquence.

Dans les deux situations, la personne se retrouvera définitivement en hypothyroïdie et devra tout au long de sa vie prendre une hormone de synthèse.

Une thyroïde en sous-régimeL’hypothyroïdie est le dysfonctionnement le plus fréquent. Elle toucherait ainsi 10% des femmes de plus de 60 ans.

Lorsque la glande thyroïde ne produit pas suffisamment (ou pas du tout) d’hormones, c’est tout l’organisme qui fonctionne au ralenti. Fatigue, déprime, frilosité, difficultés pour se concentrer, constipation, prise de poids, douleurs musculaires, sécheresse de la peau et règles irrégulières, en sont les principaux signes.

Non traitée, cette hypothyroïdie, surtout si elle est sévère, expose à un risque accru d’infections et, à long terme, de maladies cardiovasculaires, d’hypertension et de diabète)

Le plus souvent, cette hypothyroïdie est la conséquence d’une maladie auto-immune dans laquelle les anticorps attaquent progressivement les cellules de la thyroïde.

De même, une thyroïdectomie totale, à savoir une ablation de la thyroïde ou partielle, réalisée pour retirer une goitre gênant ou des nodules, conduisent à une hypothyroïdie.

C’est également l’un des effets indésirables possibles d’une radiothérapie cervicale pour traiter un cancer.

Pour combler ce déficit hormonal, la seule solution est la prescription d’une hormone de substitution: la lévothyroxine.

Il faut préciser par ailleurs que chez certaines personnes, le dosage reste identique pendant des années, chez d’autres en effet, il doit être ajusté avec un dosage parfois différent en été et en hiver, mais aussi à l’occasion d’une variation de poids importante ou lors d’association avec d’autres médicaments.

Les nodulesUne autre forme de pathologie qui peut toucher la thyroïde, se sont Les nodules thyroïdiens qui concernent près d’une femme sur deux à la cinquantaine. Et les nodules thyroïdiens sont bénins dans 95 % des cas et ne justifient aucun traitement

Seuls 5% des nodules de la thyroïde sont palpables, et la présence d’un ou de plusieurs nodules ne s’accompagne pas systématiquement d’un dérèglement hormonal.

Cela signifie que des milliers de personnes vivent très bien avec un ou plusieurs nodules thyroïdiens sans même le savoir.

Le plus souvent, le médecin les découvre de façon fortuite au détour d’un Doppler des vaisseaux du cou ou d’un scanner réalisé pour une toute autre raison.

Quand les nodules ne gênent pas et sont bénins, sans trouble hormonal, on les laisse en place et on instaure une simple surveillance.

Une cytoponction (prélèvement de cellule) n’est prescrite que si le nodule est suspect à l’échographie ou mesure plus de 2 cm.

Et si par le passé on avait recours à la chirurgie, la tendance actuelle est de préserver la glande thyroïde, et donc son fonctionnement, et de ne proposer que des chirurgies limitées.

*Le Dr Anwar Cherkaoui est médecin. Lauréat du cycle supérieur de l'Iscae, il a été, trente années durant, le responsable de la communication médicale du CHU Ibn Sina de Rabat.

Par Anwar Cherkaoui
Le 05/06/2022 à 08h00