Douze ans après sa mort, la dépouille d’un jeune homme exhumée pour les besoins de l’enquête

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Revue de presseKiosque360. Déclaré mort et enterré depuis plus de neuf ans, un jeune homme, qui avait, en réalité, été enlevé, est rentré chez lui sain et sauf. Trois ans plus ans plus tard, une enquête est ouverte pour connaître la véritable identité du corps que sa famille a enterré à sa place.

Le 06/09/2019 à 22h10

C’est une affaire pour le moins déconcertante. Un jeune homme est décédé, et sa famille l’a enterré et fait son deuil. Mais voici que, neuf ans plus tard, il rentre chez lui, bien en chair et en os. La question la plus logique qui revient sur toutes les langues est celle de savoir à qui appartient finalement le cadavre enterré neuf ans plus tôt. C’est justement à cette question que tentent de répondre les enquêteurs de la police judiciaire, trois années après le retour du jeune homme.

Comme le rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 7 et 8 septembre, ces faits peu communs se sont déroulés dans le Gharb, dans une commune qui relève de la province de Sidi Kacem. Et pour résoudre cette énigme, le Parquet a ouvert une enquête et vient d’ordonner l’exhumation de la dépouille pour lui faire subir une batterie de tests anthropologiques. Des équipes spécialisées ont donc été dépêchées sur place pour mener cette opération, écrit le quotidien.

Une fois réalisée cette tâche, les restes du jeune inconnu ont été transportés dans des sacs de plastique en direction du centre de médecine légale relevant de l’hôpital provincial de Kénitra. C’est dans les locaux de ce centre que l’on fera subir à la dépouille un test ADN pour avoir une idée sur son identité, poursuit le quotidien. L’équipe en charge devra s’appuyer sur des connaissances anthropologiques pour pouvoir identifier d’abord la date du décès, les causes de la mort (naturelle, criminelle ou suicide) et, ensuite, son identité.

L’opération risque de prendre quelque temps, explique le journal, puisque l’analyse ADN des os et autres tissus de la dépouille prend généralement plusieurs semaines. Cependant, les enquêteurs comptent sur les résultats de cette expertise médico-légale pour pouvoir démêler les fils de cette affaire riche en rebondissements, depuis le retour de Benaïssa, le jeune homme donné pour mort et enterré, chez lui.

En effet, il y a douze ans, ce qui était supposé être le corps du jeune Benaïssa, donné pour noyé dans un canal d’eau dans la région, a été confié à sa famille dans un cercueil sous scellés, accompagné d’un certificat du médecin légiste portant la référence 355/07. Neuf ans plus tard, le jeune Benaïssa revient chez lui, affirmant avoir été, en réalité, séquestré pendant toutes ces années par un responsable communal dans la région de Larache. Il a affirmé avoir été forcé à travailler, comme un esclave, dans la ferme de cet édile local, des années durant, et sans aucun salaire. 

Selon la version des faits relatés par le jeune homme et reprise par Assabah, dix jours après avoir été enlevé, en août 2007, sa famille a été informée de sa présumée mort par noyade dans un canal d’irrigation. Une dépouille, présentée comme sienne, lui a été remise plus tard dans un cercueil. Mais, toujours selon cette version des faits, près de neuf ans plus tard, un proche a affirmé aux membres de sa famille l’avoir vu et reconnu dans une ferme dans les environs de Larache. Ses frères se sont déplacés sur les lieux et, après l’avoir reconnu, ils ont décidé de le délivrer. S’en est suivie une altercation et des échanges de coups entre la famille du jeune homme et ses ravisseurs.

La gendarmerie, alertée, est intervenue pour imposer l’ordre. Elle a, par la même occasion, permis au jeune homme de repartir avec les membres de sa famille. Un P.V des circonstances a été dressé pour, affirme le journal, subitement disparaître depuis. Plus de deux ans plus tard, le dossier est rouvert et le Parquet a ordonné l’ouverture d’une enquête.

Par Amyne Asmlal
Le 06/09/2019 à 22h10