Développement agricole: dans le Haouz, la quête d’un retour aux sources

Ayoub Ibnoulfassih / Le360

A Marrakech-Safi, les contraintes climatiques assignent de nouvelles priorités au développement agricole. En sus de la modernisation des outils de production, la déclinaison régionale du plan Génération Green, présentée en marge d’une visite ministérielle à la province d’Al Haouz, insiste en filigrane sur le développement des spécificités locales.

Le 16/03/2022 à 16h24

La campagne agricole 2021-2022, placée sous le double signe d’un manque accru de précipitation, et d’un tarissement des nappes phréatiques, sur fond de tension géopolitique à l’échelle mondiale, se voit assigner de nouvelles priorités. Dans la région Marrakech-Safi, c’est un changement de cap, à peine voilé par la tutelle, qui semble se profiler avec une agriculture qui mise tout sur la transformation des lignes de production avec une prise en compte accrue des spécificités locales.

La récente visite d’un GIE (Groupement d’Intérêt Economique) à Asni, (province d’Al Haouz) menée par le ministre de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, accompagné du Wali de la Région, et d’une importante délégation de responsables, fut l’occasion pour redéfinir les priorités dans la déclinaison régionale du plan «Génération Green». Celle-ci porte sur une vague de modernisation dans les stades amonts de la production (réhabilitation de 50 unités de trituration, 16 centres de collecte de lait…), mais aussi des circuits de distribution (modernisation de 3 souks hebdomadaires, 2 unités d'abattage…)

L’agriculture durable n’est pas en reste. Pour parer aux aléas climatiques d’une région essentiellement semi-aride, plusieurs réponses adaptées vise à anticiper les difficultés inhérente à une mauvaise campagne, notamment, la réhabilitation des systèmes d’irrigation traditionnelle sur près de 15.500 hectares au profit de petits et moyens périmètres, l’élargissement des surfaces agricoles en faveur des cultures typiquement local (Kharoub, pommes, oliviers …) pour un périmètre s’étalant sur près de 30.000 hectares, ou encore à travers le développement de l’agriculture biologique, sur près de 5.100 hectares à l’horizon 2030 contre 300 seulement en l’état actuel. 

La visite fut aussi l’occasion pour faire le point sur la déclinaison du plan Generation Green dans la province d’Al Haouz. La feuille de route agricole entend, pour rappel, favoriser l’émergence d’une classe moyenne agricole à travers la généralisation de la couverture sociale pour 41.000 agriculteurs. Dans la même veine, une assiette foncière de 1.200 hectares est mobilisée pour promouvoir l’entreprenariat dans le secteur agricole. S’ajoute à la panoplie de mesures d’accompagnement débloquées pour l’occasion l’accès aux financement à des taux préférentiels, l'accès aux programmes d’accompagnement, ainsi que le renforcement des mécanismes de soutien de jeunes issus du milieu rural, dont 28 projets prévus pour 2.000 bénéficiaires, soit, un investissement globale estimé à plus de 500 millions de dirhams. 

En tout et pour tout, l’enveloppe d’investissement réservée à la province s’élève à 2,93 milliards de dirhams (dont 73% apportés par des fonds publics). La valeur ajoutée attendue en 2030 devrait atteindre, d’après les estimations du ministère de l'agriculture, 3,18 milliards de dirhams, soit une appréciation de 80% par rapport au niveau enregistré en 2019.

Par Ayoub Ibnoulfassih
Le 16/03/2022 à 16h24