Adolescente portée disparue à Casablanca, des Subsahariens soupçonnés: son entourage témoigne

La sœur de l'adolescent qui se trouvait avec Fatima-Zahra, 13 ans, portée disparue à Casablanca, et le beau-père de l'adolescente témoignent pour Le360, le 12 mai 2022. 

La sœur de l'adolescent qui se trouvait avec Fatima-Zahra, 13 ans, portée disparue à Casablanca, et le beau-père de l'adolescente témoignent pour Le360, le 12 mai 2022.  . Adil Gadrouz / Le360 (photomontage)

L’enquête policière et les opérations de recherches se poursuivent pour retrouver une adolescente disparue, que des Subsahariens sont soupçonnés d'avoir enlevée dans un cimetière de Casablanca. Le360 s’est rendu ce jeudi 12 mai auprès de sa famille ainsi que sur les lieux du crime présumé. Nouveaux détails sur une affaire qui secoue le net.

Le 12/05/2022 à 13h19

L’affaire de la disparition depuis le lundi 9 mai dernier d’une adolescente marocaine dans un cimetière de Casablanca a créé des remous, et a entraîné la propagation d'un certain nombre de rumeurs, toutes plus folles les unes que les autres. Une bande de Subsahariens, selon le témoignage d'un adolescent qui se trouvait en compagnie de la jeune fille, l'auraient enlevée, ce qui pousse certains internautes à émettre des commentaires xénophobes, lesquels prospèrent actuellement sur la Toile. 

Le360 s’est rendu au cimetière de Hay El Farah, fermé parce que saturé, mais qui, à la nuit tombée, devient le squat de jeunes délinquants et de migrants subsahariens en situation irrégulière. L'enquête de l'équipe de journalistes a également abouti au domicile de la famille de la jeune fille disparue, Fatima-Zahra, 13 ans.

L'adolescente avait fui le domicile de ses parents peu avant cette nuit du 9 mai 2022, et se trouvait dans ce cimetière avec un adolescent quand elle été enlevée par une bande de Subsahariens, selon le témoignage que celui-ci a livré aux forces de l'ordre. 

Interrogé par Le360, le second mari de la mère de la jeune fille, affirme qu’il venait de rentrer du travail ce lundi 9 mai, vers 18 heures, quand son épouse l’a informé de l’absence Fatima-Zahra. «Mais nous ne nous sommes pas inquiétés pour autant. Mais peu après, vers 2 heures du matin, des garçons du quartier sont venus frapper à notre porte nous avertir de cette agression. Aujourd’hui, nous sommes sans nouvelles d’elle, et sa mère, qui vient d’accoucher, est dans le désarroi le plus total», déclare le beau-père de l'adolescente. 

Le360 a également retrouvé la sœur de l'adolescent qui avait alerté les services de police, et qui se trouvait avec Fatima-Zahra au moment des faits, toujours présumés à la publication de ces lignes. Celle-ci affirme que, d’après son frère, la fille avait décidé de quitter définitivement le foyer familial ce soir-là. «Elle avait l’habitude de fuguer», raconte-t-elle, précisant que son frère aurait, selon ses dires, été agressé et dépossédé de son téléphone portable. Longuement interrogé par les services de police, l'adolescent a ensuite été relâché.

Retour au cimetière désaffecté de Hay El Farah, où un habitué de la fréquentation de ces lieux, un ressortissant subsaharien, explique être au courant de ce qui se dit, mais précise qu'à son avis, il doit s’agir là d’un cas isolé. «Au Maroc, nous sommes bien traités, et les Marocains sont bons à notre égard. Nous sommes ici uniquement pour chercher du travail et non pour nous attaquer à d’innocentes personnes», témoigne-t-il. 

Juste après avoir été alertés par le compagnon de Fatima-Zahra le soir du 9 mai 2022, les services de police se sont immédiatement mobilisés, et ont procédé à une large opération de ratissage de ce cimetière désaffecté et de ses environs. Mais ni l'adolescente, ni ses présumés agresseurs, des Subsahariens, selon les dires de l'adolescent qui était avec elle, n’ont été retrouvés.

Alors que l'enquête et les opérations de recherches se poursuivent, sur le net, c'est à une véritable levée de boucliers que l'on assiste, où des réactions parfois démesurées, parfois carrément racistes, toujours envers les Subsahariens installés au Maroc, se laissent lire ici et là. Or, l'enquête policière actuellement menée n'a pas encore abouti à des conclusions définitives et l'ensemble des faits ne sont pas encore établis. Mais dans tous les cas, il faut savoir raison garder et ne pas céder à cette vague d'émotions haineuses qui prospèrent actuellement sur les réseaux sociaux.

Par Fatima Zahra El Aouni et Adil Gadrouz
Le 12/05/2022 à 13h19