À Marrakech, un forum international pour lutter contre l’esclavage moderne et le travail forcé

Ayoub Ibnoulfassih / Le360
Le 30/03/2022 à 11h31

VidéoLa traite des êtres humains a été au centre des préoccupations du Forum de lutte contre l’esclavage moderne. Une manifestation ayant pour vocation d’éradiquer le phénomène à l’échelle planétaire. Plus de 75 dirigeants issus de 30 pays sont rassemblés à Marrakech dans le cadre de la 9e édition de ce forum qui a lieu du 27 au 30 mars 2022.

Restés longtemps des sujets tabous, l’esclavage contemporain et la traite des êtres humains acquièrent une reconnaissance des pouvoirs publics et de la société civile. Au Maroc, cette lutte s’inscrit dans le cadre de la politique en matière d’immigration, portée par la Conseil nationale des droits de l’homme (CNDH). «Il a fallu convaincre l’opinion publique et mettre par la suite en œuvre une loi organique en 2016 pour rendre compte de l’ampleur du phénomène», précise Mustapha El Arissa, président de la commission régionale des droits de l’homme Marrakech-Safi.

L’esclavage forcé et la traite ouvrière ont été au centre des préoccupations de la 9e édition du Forum de lutte contre l’esclavage moderne. Une manifestation ayant pour vocation d’éradiquer le phénomène à l’échelle planétaire. Car, il faut dire que la pandémie a remis aux calendes grecques les objectifs fixés, il y a 8 ans pourtant, à l’issue de la ratification du Protocole sur le travail forcé par l’Organisation internationale du travail.

Ce pacte adopté en 2014 par la Conférence internationale du travail contraint les pays signataires à répondre aux obligations définies par le protocole. Cela dit, en l’état actuel, aucune amélioration n’est constatée sur le terrain.

En effet, l’état des lieux brossé par le mouvement Free The Slaves donne froid dans le dos: pas moins de 40 millions de personnes sont victimes d'esclavage moderne, soit le même niveau que celui enregistré en 2014. Pire encore, de nouvelles formes d’esclavage moderne font leur apparition, non sans lien avec la crise sanitaire ou du fait des bouleversements géopolitiques et climatiques.

Cette exploitation de l’homme par l’homme prend moult formes. Des personnes victimes de servitude domestique, aux travailleurs exploités dans un secteur d’activité (BTP, agriculture, artisanat…), sans oublier les jeunes filles piégées dans des mariages forcés. Selon l’organisation Free The Slaves, la plupart d’entre eux travaillent sans contrepartie financière pour un manque à gagner estimé à 150 milliards de dollars à l’échelle planétaire. Les enfants et les femmes sont les catégories les plus touchées: les enfants représente 25% et 75% sont des femmes ou des jeunes filles.

L’évènement placé sous le thème «Redynamiser la lutte contre l’esclavage moderne: initier des réponses locales pour dégager des solutions mondiales», fait aussi état de l’ampleur du phénomène dans la région MENA et table sur la contribution des gouvernements pour trouver une issue favorable à la crise actuelle.

Les représentants et dirigeants d’ONG, cadres de l’ONU, et responsables gouvernementaux, chercheurs universitaires et anciennes victimes de la traite des êtres humains, présents en marge de l’événement ont formulé une série de recommandations. La nécessité de développer une base de données internationale pour recueillir des données sur les crimes afin de comprendre les tendances, les causes profondes, et les outils efficaces. Sur le plan juridique, ils ont appelé à la mise en place de mécanismes efficaces de révision des conventions internationales.

Les participants ont également souligné la nécessité pour les gouvernements du monde entier de sensibiliser les populations aux vulnérabilités de la traite. Autre recommandation phare formulée au cours du forum, la mise en place d’une ligne d’assistance internationale pour les victimes d’exploitation et d’esclavage moderne.

Par Ayoub Ibnoulfassih
Le 30/03/2022 à 11h31

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