À la rencontre de Ali Haddadi, un armurier qui préserve la tradition de la fabrication des fusils de la Tbourida

Ali Haddadi tient une «Moukehla», le fusil d'apparat des cavaliers de la Tbourida, qu'il a fabriqué dans son atelier d'armurerie, à Fès.

Ali Haddadi tient une «Moukehla», le fusil d'apparat des cavaliers de la Tbourida, qu'il a fabriqué dans son atelier d'armurerie, à Fès. . Ahmed Echakoury / Le360 (capture image vidéo)

Le 20/11/2022 à 17h05

VidéoIl travaille le fer, l’acier et le bois qui permettent de façonner les «Moukehlas», les fusils à l'ancienne des cavaliers de la Tbourida. Dans son atelier de Fès, Ali Haddadi, armurier, raconte l’histoire de son métier. Une passion dont les secrets se transmettent de père en fils, et qu'il tient de ses aïeux.

«J’ai appris l’art de fabrication des fusils de la tbourida de mon père, [qui le tenait] de mes arrière-grands-pères. Et je n’ai pas lésiné sur les moyens pour perfectionner ce savoir-faire et maîtriser tout le processus de fabrication de ces fusils», témoigne, non sans fierté, Ali Haddadi.

Une fierté qui tient à l'excellente réputation des Moukehlas qu'il conçoit et fabrique avec un grand soin, dans son atelier de Fès. «Nous concevons l’ensemble des éléments du fusil, dont le fût, le canon ainsi que la crosse et la queue de détente. Tout cela avec une grande minutie», explique l'artisan fassi.

«Nous ne voulons pas laisser cet art tomber aux oubliettes», soutient-il, soulignant qu'une importante clientèle de différentes régions du Royaume fait confiance à son savoir-faire.

«Grâce à la Maison de l’Artisan [créée à l’initiative du ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, Ndlr] j’ai pu gagner en notoriété et [diversifier mes lieux de] livraisons», explique l'armurier.

Pour Ali Haddadi, les fusils qu'il fabrique ont une «longévité exceptionnelle». «Je garde, dans ma collection personnelle, un fusil [qui a] 165 ans. Quand il est bien fabriqué, le fusil peut servir pendant plusieurs décennies», précise-t-il.

«Avant, nous avions un problème avec les canons, qui se rouillaient avec le temps. Le ministère du Tourisme et de l’Artisanat a examiné ce problème et a importé, dans un premier temps, des canons de l’étranger, pour notre compte, avant qu’une société de Casablanca ne se charge de la fabrication de cet élément essentiel à la conception des fusils», explique l'armurier.

Le prix des Moukehlas fabriquées dans son atelier varie entre 3.000 et 6.000 dirhams. «Quand on y ajoute d’autres accessoires, dont de l’argent, son prix atteint 15.000 dirhams. [Le prix d'un fusil] et peut aller jusqu’à 60.000 dirhams, si on l’orne avec de l’or», détaille-t-il enfin. 

Par Ahmed Echakoury
Le 20/11/2022 à 17h05