Sahara marocain: le président sud-africain viole les décisions de l’Union africaine en s’attaquant au Maroc

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa.

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa. . DR

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, vient de s’attaquer à nouveau au Maroc. Mais cette fois-ci, il semble oublier qu’il viole les décisions de l’Union africaine qu’il préside.

Le 06/06/2020 à 18h59

Vendredi 5 juin, le président sud-africain Cyril Ramaphosa faisait face à un difficile test devant son parti, le Congrès national africain (ANC), qui tenait une réunion consacrée à l’examen de la politique gouvernementale à mi-mandat. Il s’agissait aussi de l’évaluation des mesures (impopulaires) prises par son gouvernement pour faire face à la rapide propagation de la pandémie de coronavirus dans le pays le plus contaminé de l’Afrique subsaharienne (plus de 40.000 cas).

Invité ce même vendredi à s’exprimer par visioconférence dans le cadre d’une campagne contre le racisme, baptisée «Black Friday», Cyril Ramaphosa a commis cette déclaration on ne peut plus surprenante. Il s’en est pris à ce qu’il considère comme un «mélange d’intérêts économiques chauvins et d’arrogance raciale des ethnies et un sentiment de supériorité nationale» qui se dresserait contre ce qu’il appelle la réalisation de l’indépendance du «Sahara occidental». En l’entendant parler, pêle-mêle, des génocides au Rwanda, en Birmanie, en Palestine et en Bosnie, on a l’impression que Cyril Ramaphosa fait preuve d’une cruelle méconnaissance de la réalité de la région nord-africaine et abonde aveuglément dans le sens de la propagande de l’Algérie et de son pantin, le Polisario.

En effet, il est de notoriété que c’est bien en Algérie que se sont déroulées ces dernières années les pires exactions racistes, basées sur la couleur de la peau, encouragées par un populisme nationaliste de bas étage, et matérialisées par des rafles massives et manu militari visant des milliers de migrants subsahariens. Face à ce déchaînement de la haine raciste, ouvertement exprimée et soutenue par les hautes autorités algériennes (Ahmed Ouyahya, ancien Premier ministre, Abdelkader Messahel, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ministre des Affaires africaines…), ces migrants subsahariens, accusés d’être porteurs du sida et de tous les maux, ont été expulsés dans des conditions inhumaines hors du territoire algérien. Ils ont été abandonnés à leur sort dans le grand désert, sans eau ni nourriture, et dépouillés de tous leurs biens.

Toutes les ONG internationales ont dénoncé ce racisme d’Etat abject, mais le président sud-africain, issu d’un pays qui a connu l’une des pages les plus sombres de la ségrégation ethnique et du racisme, ne prête aucune attention à l’innommable, assumé sans complexe par le régime algérien.

Les citoyens algériens ne sont pas en reste, puisqu’ils sont eux aussi victimes de ce racisme d’Etat, comme c’est le cas des Kabyles, qui en sont aujourd’hui arrivés à revendiquer une autonomie par rapport au reste du pays. 

De même, chez les séparatistes du Polisario, Cyril Ramaphosa, l’ancien syndicaliste qui a connu toute sa vie durant, et dans sa chair, les affres de l’Apartheid, semble sciemment fermer les yeux sur les pratiques racistes et esclavagistes que de nombreux témoignages, dont certains filmés, ont pourtant mises à nu en matière de travails forcé des Noirs dans les camps de Lahmada.

En plus de ces pratiques esclavagistes basées sur la stratification verticale et donc l’inégalité entre les ethnies, le tribalisme y fait également loi. Ainsi, la tribu Reguibat de Brahim Ghali, chef du Polisario, accapare tous les pouvoirs politique et économique dans les camps, tout en imposant son écrasante suprématie sur les autres clans tribaux (Tekna, Oulad Dlim…), régulièrement soumis, qui plus est, à des exactions inhumaines. Cet apartheid tribal est imposé par l’Algérie elle-même pour s’assurer la fidélité des dirigeants du Polisario, sachant que les Reguibat algériens sont également dominants dans la région de Tindouf et dans les rangs du Polisario.

Cependant, Cyril Ramaphosa n’a pas seulement fait montre, une nouvelle fois, de myopie, voire d’aveuglement, en ignorant les importants services que le Maroc a rendus et rend toujours à l’Afrique en général, dans le cadre de la coopération Sud-Sud, et aux migrants africains en particulier, accueillis à bras ouverts sur son sol. Il a également violé les décisions de l’Union africaine dont il est actuellement le président en exercice pour l’année 2020. En effet, en tant qu’actuel président de l’organisation panafricaine, le chef de l’Etat sud-africain est automatiquement membre de la Troïka (ancien, actuel et prochain présidents de l’UA) instituée par le 31e sommet de l’UA tenu à Nouakchott, la capitale mauritanienne, les 1er et 2 juillet 2018.

L’UA ayant confié l'exclusivité de la résolution du conflit factice créé autour du Sahara à l’ONU, Ramaphosa semble oublier qu’il est mandaté pour épauler l’ONU, en cas de demande de cette dernière, dans ses efforts visant à trouver une solution politique à cette question. Cet appel à la sagesse lui a été clairement rappelé par le président de la Commission africaine, Moussa Faki Mahamat, dans son discours du 10 février 2020, lors du dernier sommet de l’UA à Addis-Abeba. «Je suis déterminé à poursuivre mes efforts pour une mise en œuvre efficace de la décision de Nouakchott consistant à charger la Troïka d’apporter un soutien efficace aux efforts conduits par les Nations unies, auxquelles les parties ont volontairement confié la recherche d’une solution durable et juste du différend», a déclaré le chef de l’Exécutif de l’Union africaine, alors qu’il abordait la question du Sahara. Cyril Ramaphosa semble avoir un autre agenda: diviser l’Afrique, tout en faisant preuve d’une indulgence complice envers le racisme contre les Noirs, banalisé par le régime algérien et l’entité polisarienne qu’il protège.

Par Mohammed Ould Boah
Le 06/06/2020 à 18h59