Rapport du cinquantenaire: pourquoi les «perspectives 2025» n’ont pas abouti

Un village marocain.. DR

Revue de presseVingt ans après la publication du rapport du cinquantenaire, il semblerait que le Maroc s’achemine vers un scénario jugé «inacceptable» par ce même rapport. Plusieurs indicateurs le confirment, selon une revue de presse de l’hebdomadaire Al Ayyam.

Le 14/02/2025 à 21h26

Il y a vingt ans, le Rapport du cinquantenaire prévoyait différents scénarios pour le Maroc en 2025. L’un de ces scénarios, jugé «inacceptable», devait être évité par les gouvernements successifs. Or, l’hebdomadaire Al Ayyam constate, dans son édition actuellement en kiosque, que le Maroc semble s’orienter vers ce scénario. «La plupart des indicateurs annoncés par les institutions internationales, à travers les rapports publiés dernièrement, classent le Maroc en queue de peloton, à de rares exceptions. Pour l’Indice de développement humain, le Royaume a ainsi gagné quelques rangs depuis 2005, passant de la 124ème place à la 120ème en 2024», relève l’hebdomadaire, ajoutant que «la plupart des autres indicateurs ont fait au mieux du surplace, quand la mauvaise gouvernance continue d’entraver le cours du développement dans un certain nombre de communes».

Les disparités territoriales persistent encore, et le séisme qui a touché Al Haouz le 8 septembre 2023 l’a bien révélé, affirme l’hebdomadaire. Certaines régions éloignées du centre sont gangrenées par la corruption, ce que confirment par ailleurs les rapports de l’Instance nationale de lutte contre la corruption qui fait état d’un recul de cinq points sur l’Indice de perception de la corruption en l’espace de cinq ans.

Dans le domaine de l’éducation, où le défi de la généralisation de l’enseignement et de la lutte contre l’analphabétisme a été érigé en priorité, le taux d’abandon scolaire reste encore très élevé, malgré un taux de scolarisation des enfants en âge d’aller à l’école qui a atteint 83%.

Dans ce contexte, note Al Ayyam, il suffit de rappeler le chiffre révélé par Chakib Benmoussa, l’ancien ministre de l’Éducation nationale, en juillet de l’année dernière. Selon lui, le nombre d’enfants ayant quitté le système éducatif au cours de la saison 2021-2022 a atteint 334.000. Ce nombre a certes été ramené à 295.000 durant les deux dernières années scolaires, mais il reste quand même élevé.

Si d’importantes mesures ont été prises pour améliorer l’accès aux soins, notamment avec la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) qui a permis à des centaines de milliers de personnes en situation de précarité de se faire soigner gratuitement, l’hebdomadaire Al Ayyam souligne que des milliers de personnes qui bénéficiaient auparavant de la carte Ramed se sont vu refuser l’accès à la gratuité des soins après la mise en place d’un nouveau système de ciblage.

Le Maroc continue de faire face à un manque important de personnel médical. Le pays souffre d’une grave pénurie dans ce domaine, avec seulement 25.000 médecins, alors que les estimations officielles estiment le besoin à plus de 30.000. Un rapport publié par le Conseil économique, social et environnemental en 2023 révèle que le nombre de médecins ne dépasse pas 7 pour 10.000 habitants, ce qui est bien en deçà du niveau recommandé par l’OMS, qui est de 15 médecins pour 10.000 habitants.

Le rapport du Cinquantenaire avait prévu que si l’économie marocaine continuait à évoluer sans tenir compte de la compétitivité mondiale, cela conduirait à l’aggravation du taux de chômage qui risquerait d’atteindre 20 %. Or, à la fin de l’année dernière, le taux de chômage, annoncé par le HCP sur la base des résultats du recensement de 2024, était justement de 21,3 %.

Après six années consécutives de sécheresse, le Maroc se trouve confronté à une crise hydrique aiguë. Le taux de remplissage des barrages n’est plus que de 29,26%, ce qui a contraint le pays à chercher des solutions alternatives, comme l’implantation d’usines de dessalement d’eau de mer.

Cependant, malgré les efforts déployés pour faire face au stress hydrique, le Maroc n’a pas réussi à atteindre ses objectifs de développement socio-économique. Le revenu annuel par habitant n’a pas dépassé 4.500 dollars en 2023, alors que l’ambition était d’atteindre 8.000 dollars. De même, la stratégie nationale en matière de formation d’ingénieurs n’a pas porté ses fruits, avec seulement 9 ingénieurs pour 10.000 habitants, loin de l’objectif de 40.

Ces défis persistants soulignent la nécessité d’intensifier les efforts en matière de formation et de recherche scientifique. Un domaine dans lequel le Royaume reste encore à la traîne, à la 98ème place sur 141 pays.

Par Amyne Asmlal
Le 14/02/2025 à 21h26