Le come-back de la gauche

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Comme annoncé par Le360, le Parti socialiste et le Parti travailliste rejoignent les rangs de l'USFP. Un accord de fusion entre les trois partis de gauche a été signé ce mercredi. Les détails.

Le 22/05/2013 à 14h00, mis à jour le 22/05/2013 à 16h21

C’est acté. L’Union socialiste des forces populaires (USFP), parti historique de gauche et deux autres composantes socialistes, le Parti travailliste de Abdelkrim Benatiq et le Parti socialiste de Abdelmajid Bouzoubaa ont signé ce mercredi un accord d’union qui leur ouvre la voie vers une fusion "prochaine". Pour la présidence de l’USFP, le document a été paraphé par Driss Lachgar aux côtés des signatures de Benatik pour le Parti travailliste et de Bouzoubaa, deux anciens USFPistes qui signent du même coup leur retour au bercail après avoir quitté leur parti mère, respectivement en 2000 et 2001. Devant une nombreuse assistance, la fête socialiste semble avoir été un peu gâchée après le constat d’une absence de taille dans la grande salle du siège de l’USFP à Rabat. Celle de Ahmed Zaïdi, le rival de Driss Lachgar à la présidence de l’USFP, et qui dirige un courant réformateur au sein du parti de la rose.

Répondant à une question de la presse pour savoir si les bases militantes des trois formations politiques avaient leur aval à cette fusion "historique" en vue, Driss Lachgar a tranché clairement en se retournant vers Habib Malki -un autre bulldozer USFPiste perdant du dernier congrès socialiste- en affirmant : "Nous sommes pour l’existence de courants d’idées à l’intérieur du parti, mais nous n’accepterons pas qu’ils agissent en décideurs. C’est aux instances internes (bureau politique et le parlement interne) du parti à qui revient l’autorité de décision". Le message est clair, n’est-ce pas Zaïd ? Semble avoir transmis l’homme fort de l’USFP.

L’Union entre les trois partis de gauche s’avère une initiative louable car leurs dirigeants ont tardé à comprendre que dans la division, leurs actions avaient pâti face à un paysage politique en pleine mutation. Cette division a, semble-t-il, profité à leurs autres adversaires politiques, surtout lors des différents rendez-vous électoraux. N’avait-on pas dit que l’islamisme avait germé et grandi à cause du repli des socialistes. On avait accusé ces derniers d’avoir été plus confortables dans l’ombre (début des années 2000), préférant ne pas bouger et agir là où l’Etat était absent politiquement, socialement et culturellement. "Le nid de l’islamisme" avait fait d’autres nids, selon les observateurs.

La gauche retrouve une nouvelle jeunesse

"Le pays a besoin d’un pôle de gauche solide que le consensus entre nous, famille de socialistes à décider de créer", s’est félicité Driss Lachgar, en proposant son "ouverture à d’autres composantes de gauche". Mais ce dernier a été un peu dur envers le Parti du progrès et du socialisme (PPS) en rappelant que ce dernier a préféré faire cavalier seul dans le champ politique national. "On nous traite de socialistes conservateurs", affirme Lachgar, qui a appelé à cette occasion les "intellectuels et les artistes marocains à rejoindre la famille de gauche". D’après Lachgar, le mécanisme de la fusion ainsi que les moyens de son application seront confiés "à la base qui à leur tour feront remonter les recommandations aux bureaux politiques respectifs en vue de la dynamisation de notre action".

Abdelkrim Benatiq a déclaré qu’il ne faut pas faire une "lecture réduite" vis-à-vis de cet accord d’union. "On ne s’unit pas pour des échéances précises, des élections. Notre idée pour l’union nous a coûté de longues soirées de négociations et de dialogue. On a décidé de nous unir pour créer un grand projet sociétal. Un pôle de gauche fort qu'il faut ouvrir. Notre union grandira et chaque parti y contribuera en lui imposant un rythme de vitesse qui lui convient", selon Benatiq.

Pour l’action du syndicalisme – l’USPP et le PS ont leur propre syndicat-, sera-t-elle aussi dans l’union ou suivra-t-elle son propre chemin ? Abdelmajid Bouzoubaa a trouvé l’idée géniale en affirmant devant l’assistance que "notre base va prochainement recevoir des consignes de libre adhésion dans chacun des syndicats de gauche". "Adherez là où vous voulez", leur a-t-il lancé. L’avenir dira si cette consigne a bien marché mais en ce qui concerne l’Union et la fusion des trois partis, il faut reconnaître que si elles sont appliquée, elles seraient d’un grand atout pour la société marocaine et pour la consolidation de l’Etat de droit, telle que voulue par le Roi Mohammed VI.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 22/05/2013 à 14h00, mis à jour le 22/05/2013 à 16h21