Droits de l’Homme en Algérie: le rapport choc de la LADDH

En république algérienne "démocratique et populaire", les citoyens sont interdits de manifester!

En république algérienne démocratique et populaire, les citoyens sont interdits de manifester! . dr

La Ligue algérienne des Droits de l’Homme vient de présenter son nouveau rapport annuel sur la situation en Algérie. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il est choquant. Décryptage.

Le 26/05/2015 à 16h26

Approchez, mesdames et messieurs! Il se passe quelque chose d’«exceptionnel» en Algérie. L’Etat d’exception, prétendument levé sur ordre du président Bouteflika, en avril 2011, est toujours en vigueur! C’est du moins ce qui ressort des révélations choc contenues dans le nouveau rapport annuel établi par la Ligue algérienne des Droits de l’Homme (LADDH), et dont Le360 détient copie. «Malgré le nombre important de textes internationaux et régionaux ratifiés par l’Algérie en matière de Droits de l’Homme, force est de constater que le non-respect des obligations découlant de ces textes, existe encore», relève la LADDH. Le diagnostic est sans appel. Les engagements sont pris pour être violés. Et tant qu’à parler d'"engagements", le régime anarcho-militaire algérien détiendrait la palme des palmes à l’échelle de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). La ficelle est trop grosse pour passer inaperçue. «Dans le sillage des révolutions arabes, et après les manifestations populaires qui ont touché l’ensemble du territoire algérien, le gouvernement, pour apaiser la situation, a répondu par la levée de l’Etat d’urgence en avril 2011 et un large programme de réforme par l’amendement des lois qui touchent en premier lieu les droits civils et politiques», fait constater la LADDH, soulignant que le même gouvernement a «promis aussi la révision de la Constitution».

Circulez, il n’y a rien à voir! Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. «Des lois qui concernent les libertés d’association et des médias, ainsi que les partis politiques, les élections ont été adoptés fin 2012. Seulement, ces lois sont en recul par rapport à la protection des droits humains», note la LADDH. Entre les textes et leur application, c’est le jour et la nuit. En voulez-vous des preuves? Allons-y! "Restriction de la liberté de réunion et d’association», «Interdiction des manifestations», «Répression des droits syndicaux», «Arrestations et poursuites à l’encontre de dirigeants et militants syndicaux», dont «bon nombre sont encore en prison et victimes de procès inéquitables»…

Ah, on allait oublier les pauvres frères de plume algériens et leur sacro-sainte liberté d’expression. Le chantage que les autorités algériennes exercent sur les historiens de l’instant ne sont un secret pour personne. «L’Etat gère et distribue la publicité, qui est un levier important, pour exercer du chantage sur les médias, lorsqu’il s’agit de questions clés telles que la sécurité et la politique étrangère et économique, elles diffusent la ligne officielle et ne tolèrent pas de commentaire dissident ou de reportages critiques», est-il relevé dans le rapport de la LADDH.

Indicateur de la schizophrénie du régime voisin en place, il n’est pas des moindres: il dit une chose et fait le contraire. Prenons par exemple cette fanfaronnade sur la suppression présumée des peines privatives de liberté à l’encontre des journalistes, que du vent! Et ce ne sont surtout pas les faits qui diront le contraire. Les bavures ne se limitent pas aux lourdes amendes infligées, pour de supposés «délits d’expression», au commun des journalistes. Abdessami Abdelhaï, correspondant de «Mon journal» croupit en prison depuis le 18 août 2013, sans jugement. Au suivant! Youcef Ould Dadda de Ghardaïa croupit aussi en prison depuis le 27 mars 2014, après sa condamnation en appel à deux ans de prison ferme, pour avoir diffusé une vidéo montrant des individus en tenue de policiers, dévalisant un local commercial … Le jeune bloggeur Boughloussa Khoudir de Ghardaïa, technicien en informatique à Hassi Messaoud, arrêté le mois passé, dans la foulée des manifestations de protestation contre le chômage et le renchérissement de la vie dans cette wilaya connue pourtant pour ses grands gisement pétroliers, a été condamné, le 17 mai 2015, à six mois de prison ferme, pour «attroupement armé» (!) et «distribution de tracts portant atteinte à l’intérêt national»…

Voyez, on pourrait allonger à l’infini la liste des pratiques liberticides épinglées par LADDH, dont la violation, au quotidien, du droit d’association, des droits des femmes, sans compter cette grosse supercherie nommée «loi de 2006 sur la paix et la réconciliation» taillée sur mesure pour protéger les auteurs des atrocités commises durant la décennie noire de la guerre civile (années 90). Mais abrégeons par cette question tout aussi édifiante que les conclusions du rapport de la LADDH : Alger a-t-elle quelque chose à nous apprendre sur le respect des Droits de l’Homme ?Si le dromadaire pouvait voir sa bosse, il en tomberait de honte!

Par Ziad Alami
Le 26/05/2015 à 16h26