Il y a de quoi rester perplexe devant les récentes sorties du gouvernement. Lundi, le chef du gouvernement annonçait devant le Parlement, avec ses deux Chambres réunies dans le cadre de l’article 68 de la Constitution, que le confinement serait prolongé de trois semaines. Le lendemain, son ministre de l’Economie et des Finances affirmait, cette fois à la deuxième Chambre et dans le cadre des questions orales, que les entreprises allaient reprendre leurs activités dès le lendemain de l’Aid El Fitr.
Il est clair, écrit le quotidien Assabah dans sa livraison du jeudi 21 mai, que le gouvernement n’a pas encore tranché sur ce sujet. Le comportement du chef du gouvernement vient encore jeter de l'ombre sur sa gestion de l’état d’urgence sanitaire et la question de la levée ou du prolongement du confinement. D'ailleurs, avant de venir au Parlement pour annoncer la prorogation du confinement jusqu’au 10 juin, Saâd-Eddine El Othmani a présidé une réunion du secrétariat général de son parti. Entre autres points discutés lors de cette réunion, la levée ou non de l’état d’urgence sanitaire. Le parti a publié, à l’issue de cette réunion, un communiqué dans lequel il appelle clairement, à travers son secrétariat général, à mettre fin au confinement. «Nous ne voulons pas qu’au lieu de la gaieté qui règne le jour de l’Aid, les citoyens passent cette journée dans la tristesse», a notamment souligné l’organe exécutif du parti islamiste qui dit comprendre les attentes et préoccupations des citoyens, éprouvés par le confinement».
Devant le Parlement, c’est un autre discours qu’El Othmani, qui intervenait cette fois en tant que chef du gouvernement, a tenu aux Marocains. Le chef du gouvernement a ainsi expliqué que la situation demeurait stable et sous contrôle, sans être entièrement rassurante. Et ce eu égard à l'apparition de foyers épidémiques familiaux et industriels et à un certain relâchement observé dans le respect des dispositions du confinement. Un tel constat risque de favoriser un retour en arrière insupportable. Ainsi, a-t-il poursuivi, bien qu’il s’agisse d’une décision difficile, le confinement sera prolongé car il serait inadmissible de mettre en péril les acquis et les sacrifices consentis depuis le début de l’état d’urgence sanitaire. Une décision difficile et courageuse, a-t-il souligné.
Le lendemain, le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, affirmait que la situation ne pouvait durer. L’économie nationale ne peut supporter plus longtemps une perte d'un milliard de dirhams pour chaque jour supplémentaire de confinement. Il a donc appelé tous les acteurs économiques à reprendre leurs activités directement après l'Aid, c’est-à-dire dans une semaine, à l’exception, bien sûr, des entreprises qui ont été suspendues sur décision administrative rendue par les autorités compétentes.
Pour le ministre, les deux mois de confinement imposés par le nouveau coronavirus (Covid-19) devraient coûter à l'économie marocaine 6 points de croissance de son PIB. La perte, affirme-t-il, aurait été bien plus importante si un soutien financier n'avait pas été fourni par le Fonds spécial Covid-19.