Contre-propagande

Fouad Laroui. 

Fouad Laroui.  . DR

Dans sa chronique hebdomadaire, Fouad Laroui revient sur l’horrible assassinat du pilote jordanien Maaez El-Kassasbeh, brûlé vif par les terroristes de Daech. «Le meilleur discours à opposer aux fanatiques sanguinaires, c’est la beauté du monde», estime notre chroniqueur.

Le 04/02/2015 à 13h18

Que dire, après l’atroce assassinat du pilote jordanien Maaez El-Kassasbeh par ses geôliers djihadistes? Les mots manquent. On a envie de fermer les yeux, de se boucher les oreilles, de s’enfermer dans un silence sans fin.

«Mais non!, me disait un ami hier soir. Il faut, au contraire, parler, argumenter, contrer la propagande de ces déments qui essaient d’enrôler des jeunes déboussolés dans l’armée du pseudo-calife.»

Argumenter? À quoi bon? La contre-propagande à Daech est déjà là, depuis des siècles, on n’a pas besoin de l’inventer: ce sont toutes les œuvres d’art que contiennent les musées, c’est la musique du monde, de Bach au melhoun en passant par la salsa et le chant grégorien, ce sont les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale, des Mille et une nuits à Don Quichotte, de La Recherche au Frères Karamazov. C’est aussi, tout simplement, un dîner entre amis, une promenade sur une belle plage, le sourire d’un enfant.

Le meilleur discours à opposer aux fanatiques sanguinaires, c’est la beauté du monde, le goût des choses, c’est ce qui fait de chaque vie un séjour dans un jardin enchanté. Nos philosophes, de Bagdad à Cordoue, disaient qu’on ne peut connaître Dieu qu’en contemplant son œuvre: toutes ces merveilles qui nous entourent.

Hélas, les fanatiques religieux sont trop stupides pour comprendre cette pensée. Eux ne semblent connaître Dieu que d’une façon: en détruisant son œuvre. Vous vous souvenez des sales mômes qui venaient piétiner et détruire les petits châteaux de sable que vous construisiez, enfant, sur la plage? Elle a poussé, la mauvaise herbe. Aujourd’hui c’est à l’explosif qu’ils détruisent ce que les autres construisent…

Par Fouad Laroui
Le 04/02/2015 à 13h18