Affaire des journalistes prédateurs: décision en février sur la validité d'enregistrements-clé

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La justice française se prononcera sur la recevabilité d'enregistrements-clé dans l'affaire de deux journalistes français poursuivis pour chantage à l'égard du roi Mohammed VI, le 16 février, ont annoncé les parties, jeudi 12 janvier.

Le 12/01/2017 à 18h03

Catherine Graciet, 42 ans, et Eric Laurent, 69 ans, ont été mis en examen (inculpés) pour chantage et extorsion de fonds. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu extorquer trois millions d'euros au roi du Maroc en 2015, en échange de l'abandon d'un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat.

Les deux journalistes avaient été interpellés le 27 août 2015, en possession de 80.000 euros en liquide, au sortir d'une réunion avec un émissaire du Maroc. Eric Laurent avait déjà été enregistré lors deux rencontres précédentes avec cet émissaire, l'avocat Hicham Naciri.

A l'audience, jeudi 12 janvier, devant la Chambre de l'instruction, qui s'est tenue à huis clos, le parquet général a de nouveau requis la validation des enregistrements malgré une décision de la Cour de cassation, la plus haute juridiction française, les remettant en cause le 20 septembre dernier.

"Il n'appartenait pas aux enquêteurs d'interdire au plaignant, ni même de le dissuader, de recourir à des enregistrements, dont l'illégalité était justifiée par l'état de nécessité", a estimé l'avocat général dans son réquisitoire écrit, dont l'AFP a eu connaissance.

L'avocat général a ajouté que l'argument des journalistes sur "la prétendue déloyauté de la preuve" devait être "écarté".

Les avocats des deux journalistes, qui reconnaissent un accord financier mais réfutent tout chantage, demandent l'annulation des enregistrements des deuxième et troisième rencontres, au motif qu'ils ont été pris par l'émissaire marocain, alors même qu'une enquête était déjà ouverte.

Me Eric Dupond-Moretti, l'un des avocats du royaume du Maroc, a répété que "les policiers ont été observateurs et pas acteurs. Ils n'ont pas équipé Naciri d'un matériel d'agent secret."

La Cour d'appel de Reims (nord-est) rendra sa décision le 16 février, mais celle-ci pourra à nouveau faire l'objet d'un pourvoi devant la Cour de cassation.

Le 12/01/2017 à 18h03