Les Français et l'orthographe: brouille endémique?

DR

Les Français, les hommes beaucoup plus que les femmes, sont fâchés avec l'orthographe. C'est ce qui ressort de l'étude du "baromètre Voltaire".

Le 13/06/2015 à 07h00

Une brouille endémique pointée du doigt et qui renforce le sentiment quasi-général en France de la baisse du niveau en orthographe des Hexagonaux. "M'sieur, a ki la fôte?". Les Français ne maîtrisent désormais que 45% des 84 règles de référence en 2015, contre 51% en 2010! Voilà le constat alarmant que révèle "Le Parisien" qui reprend l'étude du "baromètre Voltaire". Ceci, grâce à la compilation des résultats des tests, que "Le projet Voltaire", service en ligne d'entraînement à l'orthographe, a fait passer à des milliers de Français, du collège à l'entreprise.

Participes passés mal accordés, pluriel des noms composés, concordance des temps... Ce sont là quelques exemples de règles donnant du fil à retordre aux Français dont, pourtant, la langue de Jean-Baptiste Poquelin est la langue-source (maternelle). Le plus édifiant a été de constater que lors de "La nouvelle édition", émission quotidienne de Canal+, des animateurs et même ... le directeur du Projet Voltaire, venu expliquer les résultats de l'étude, ont allégrement "malmené" la concordance des temps en optant pour "S'il neige, je prendrais mes skis" , au détriment du correct "S'il neige, je prendrai mes skis" puisque, pour exprimer l'expression de condition "Si + présent" donne le futur simple" et "Si+ imparfait" donne le conditionnel présent.

A qui la "fôte" de cette dégradation orthographique hexagonale? Les principaux "présumés coupables" (selon l'expression consacrée des faits divers) s'appellent, d'après certains experts, l'Education nationale qui " faillirait à sa mission" et l'omniprésente communication numérique. Celle-ci offrant via SMS , Facebook ou Twitter "du langage sur un mode différent" et venant ainsi "parasiter la maîtrise du français classique".

Ton beaucoup plus relativiste et plus sociologique que celui exprimé par une autre experte qui pense que c'est la.."fôte" du nombre hallucinant d'écrits "commis" de nos jours."On ne peut plus vivre sans taper sur son clavier", affirme-elle. Auteur (ou auteure?) du livre "100 Jours pour ne plus faire de fautes" (NB: le J majuscule de "jours" est de l'écrivain(e), pas de Le360!!!), la grammairienne, Bénédicte Gaillard, soutient mordicus: "Autrefois, cétait (Ndlr, l'écrit) plutôt réservé aux gens instruits. Forcément, on voit plus de fautes."

Et si c'est l'adage" Nul n'est prophète en son pays" a son mot à dire concernant cette insuffisance? Et si "La faute d'orthographe est ma langue maternelle", selon le titre de la savoureuse pièce de théâtre de et avec Daniel Picouly, écrivain et animateur radio et TV? Sous d'autres cieux autres qu'héxagonaux, où le français est seconde langue ou langue étrangère (comme dans nos murs), l'on "maltraite"moins la langue de Molière. Mieux, on y excelle! Nous nous contenterons de citer, à titre de bons exemples, le premier Prix et la seconde palme remportés en dictée, respectivement par les jeunes marocains Ilias à Genève ( 2013) et Ahmed Réda, d'Agadir, à Montréal (2014).

Revenons à l'étude précitée pour finir en ... beauté! "koi de 9" et de moins déprimant dans cette étude sur cette brouille orthographique endémique et hexagonale? Eh bien, réjouissez-vous, mesdames! Vous maîtrisez beaucoup mieux le français que ces "mecs" imbus de leur personne, machos parfois et, surtout, nullards en orthographe. Le "baromètre Voltaire" est catégorique là-dessus: 48% de règles parfaitement acquises par la gent féminine, contre 43% pour les hommes.Ceux-ci, d'après des sondages, se "complaisent dans leurs lacunes et font tout pour que "ça ne sa sache pas" alors que les "nanas" n'ont pas honte de leurs erreurs et consentent beaucoup d'efforts afin d'améliorer leurs connaissances orthographiques. Encore bravo, mesdames! Que le sexe dit fort, mais faible en orthographe, en prenne de la graine!

Par Larbi Alaoui
Le 13/06/2015 à 07h00