Algérie: une nouvelle constitution, mais toujours les éternels soucis

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Revue de presseKiosque360. La constitution de l’Algérie a été révisée plusieurs fois depuis l’accession du pays à l’indépendance. Presque tous les présidents ont confectionné une loi fondamentale pour asseoir leur légitimité. L’actuel président, Abdelmadjid Tebboune, ne déroge pas à la règle.

Le 30/10/2020 à 21h04

Un nouveau président, une nouvelle constitution. C’est une devise du régime algérien depuis l’indépendance du pays. En effet, depuis son accession à l’indépendance en 1962, l’Algérie a connu plusieurs constitutions. A tel point que le citoyen algérien n’arrive plus à les énumérer.

Dès qu’un président arrive au pouvoir, il entame son mandat par une révision constitutionnelle pour asseoir sa légitimité et tourner définitivement la page de son prédécesseur. Surtout que les alternances au pouvoir en Algérie sont généralement forcées ou influencées par le pouvoir militaire, par les suspensions, commue ce fut le cas de Chadli Benjdid en 1992, en raison d'une démission (une première avec Lyamine Zeroual) ou d'une mise à l’écart comme pour Abdelaziz Bouteflika. Autant dire que le nouveau locataire du palais El Mouradia cherche toujours un abri constitutionnel pour s’asseoir confortablement sur le fauteuil de la présidence.

C’est dans cet esprit que s’inscrit le projet de révision constitutionnelle lancé par l’actuel président, Abdelmadjid Tebboune, fait remarquer le quotidien Al Massae dans un spécial dédié à la question dans son édition du weekend des 31 octobre et 1er novembre.

Et pour renforcer la légitimité de cette révision et assurer une large adhésion de la population à son projet politique, le président algérien a soigneusement choisi la date du 1er novembre pour le référendum, jour de l'anniversaire de la révolution du peuple algérien contre le colonialisme.

Cette date symbolique rappelle la révolution d’un peuple qui a pris les armes pour obtenir son indépendance, mais elle rappelle aussi la trahison des dirigeants algériens depuis le commandement du colonel Houari Boumédiène jusqu’à l’ère de son lieutenant Abdelaziz Bouteflika, détrôné l’année dernière par le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, qui a balisé la voie à Abdelmadjid Tebboune pour prendre le pouvoir.

Ce dernier, souligne le quotidien, n’a pas dérogé à la règle de tous ses prédécesseurs. Dès qu’il a pris les commandes du régime, il a exhibé la carte de la révision constitutionnelle dans un contexte qui a joué en sa faveur pour éteindre ou du moins affaiblir la contestation populaire qui réclamait le départ de tous les caciques du pouvoir.

Dans ce sillage, le quotidien évoque le départ d’Ahmed Gaïd Salah, décédé après la nomination de Tebboune, et l’épidémie de la Covid-19 avec le confinement et la suspension des activités et des rassemblements contestataires. Ce qui a réduit le Hirak et son ampleur et donné par ailleurs au président le temps de confectionner sa constitution.

Celle-ci, note Al Massae, reste une copie conforme de celle de son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika, hormis certaines questions que l’actuel locataire du palais El Mouradia a constitutionnalisées, comme celle du Hirak. Ce qui a été considéré comme une littérature visant à étouffer le mouvement contestataire, puisque plusieurs acteurs du Hirak demeurent en prison. D’autres articles n’ont été changés qu’au niveau de la forme. Et au fond, l’armée tient toujours les rênes du pouvoir réel à Alger.

Dans cette configuration, certaines franges de la société ont perdu confiance dans le système politique algérien, résume Mohamed Baske Manar, professeur de droit constitutionnel et de science politique à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech. Cette confiance est difficile à rétablir dans le contexte actuel. C’est dire que la nouvelle constitution n’aura qu’un impact très limité, l’armée n'étant pas prête à passer les rênes du pouvoir aux civils, a-t-il conclu. 

Par Mohamed Younsi
Le 30/10/2020 à 21h04