Généralisation de l’assurance maladie: une première étude actuarielle détaillée sera lancée prochainement

Hassan Boubrik, directeur général de la CNSS.

Hassan Boubrik, directeur général de la CNSS. . Saïd Bouchrit - Le360

L’étude, initiée par la CNSS, doit permettre de mieux cerner le comportement des nouvelles catégories des travailleurs non-salariés qui intègrent le régime de l’Assurance maladie obligatoire. Objectifs: avoir une visibilité sur la situation financière projetée sur le long terme de ce régime et garantir son équilibre.

Le 07/01/2022 à 17h04

Le chantier de la généralisation de la couverture médicale à tous les Marocains avance à grand pas. D’ici la fin 2022, ce sont près de 22 millions de personnes supplémentaires (travailleurs non-salariés et ayants droit) qui intégreront, pour la première fois, le régime de l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Elles bénéficieront, au même titre que les travailleurs salariés, d’une assurance couvrant les frais de traitement, de médicaments et d’hospitalisation.

Au total, la population servie par la Caisse nationale de sécurité sociale, en charge de la gestion du régime de l’AMO, va passer de 9 à plus de 30 millions de personnes, ce qui pose la question de la viabilité financière, sur le très long terme, de ce régime, et de sa pérennité.

Interrogé sur ce point, lors de son passage à l’émission Confidences de presse sur 2M, diffusée mercredi 5 janvier 2022, Hassan Boubrik, directeur général de la CNSS, a indiqué que la Caisse a prévu de lancer, «dans les semaines à venir», une étude actuarielle détaillée, sous l’égide du ministère de l’Economie et des Finances, afin de mieux cerner le comportement des nouvelles catégories des travailleurs non-salariés qui intègrent le régime de l’Assurance maladie obligatoire.

Le patron de la CNSS a expliqué qu’à ce jour, seule une étude actuarielle préliminaire a été réalisée, car pour réaliser une étude globale et détaillée, il est nécessaire d’avoir toutes les données (niveau des revenus et des cotisations, spécificités démographiques...) pour chacune des catégories des travailleurs non-salariés qui intègrent le régime de l’AMO pour la première fois.

«Comme vous le savez, si une catégorie professionnelle compte une part importante de personnes âgées, alors les dépenses de santé seront plus élevées», a expliqué Hassan Boubrik. En outre, a-t-il ajouté, il vaut mieux connaître les comportements de consommation de chaque catégorie professionnelle: «on sait par exemple que pour le régime général de l’AMO, le comportement de consommation est différent entre les salariés du privé et ceux du public. Le taux de sinistralité est très bas dans le secteur privé comparativement au public».

En se basant sur ces données, l’étude actuarielle détaillée, qui sera prochainement lancée, permettra ainsi de donner une idée plus claire sur la situation financière projetée à moyen et long termes du régime, et à faire preuve d'anticipation pour apporter les ajustements nécessaires en cas de dysfonctionnement ou de déséquilibres potentiels. L’objectif, in fine, étant de garantir l’équilibre et la pérennité du régime, tout en gardant la solidarité entre ceux qui ont une capacité contributive faible ou importante.

Hassan Boubrik a également fait le point sur le chantier de la digitalisation et la dématérialisation des procédures de la CNSS pour accompagner la généralisation de la couverture médicale. «Nous travaillons sur un niveau système d’informations qui sera lancé, nous l’espérons, en mars ou en avril de cette année», a-t-il fait savoir.

Ce système d’information sera disponible auprès des médecins, des cliniques, des pharmaciens, des laboratoires et des kinésithérapeutes, etc, afin de remplacer la feuille de soins classique par un document électronique, le but étant de réduire à la fois les délais de réponses et de remboursement, tout en améliorant la qualité des prestations.

Le déploiement de ce système d’informations auprès de l’ensemble des partenaires de la CNSS prendra néanmoins un peu de temps. «Il y a un travail de formation et de sensibilisation à faire au préalable auprès de nos partenaires médicaux pour les convaincre d'adhérer à ce système», a précisé Hassan Boubrik, indiquant qu’il espère atteindre un taux de dématérialisation des documents relatifs au régime de l’AMO de 70 à 80% d’ici 12 à 18 mois.

Par Nisrine Zaoui
Le 07/01/2022 à 17h04