Energie. L’OCP Policy Center évalue la politique du Maroc

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Revue de presseKiosque360. Dépendance, mauvaise santé financière, gouvernance floue… L’OCP Policy Center, un think-tank marocain décortique le secteur énergétique du royaume. Pour le meilleur mais surtout pour le pire!

Le 19/02/2015 à 07h18

En matière de politique énergétique, le Maroc tâtonne à tout-va. Pour rappel, il dépend à 96% des importations pétrolières afin de combler ses besoins en énergie, ce qui fait de lui le plus grand importateur d’or noir en Afrique du Nord. Une dépendance largement accrue par la demande croissante en énergie électrique, qui soulève bien des inquiétudes et suppose de trouver des solutions. C’est dans ce contexte que l’OCP Policy Center, un think-tank marocain, présente son évaluation du secteur énergétique et propose des « pistes de réformes », selon Les Ecos Inspirations, dans son édition du 19 février.

Face à la dépendance: l’euroméditerranée

« Le pays est confronté à la difficile tâche de juguler une demande locale à la hausse, tout en conservant sa facture d’importation sous contrôle (…), le Maroc poursuit une stratégie énergétique ambitieuse visant à doter le pays d’un secteur compétitif et durable, tout en sécurisant sa production », rapporte le titre francophone. Selon le rapport du think-tank, la résolution de cette problématique passe par un certain nombre de réformes «et une intégration du marché marocain de l’énergie avec ceux de la région euroméditerranéenne, en exploitant la position stratégique du royaume au carrefour de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée». Par ailleurs, souligne le quotidien économique, malgré la chute des cours du baril de pétrole, le royaume est toujours aussi dépendant.

L’exemple de la dette de l’ONEE

Au cours des vingt dernières années, plusieurs grandes réformes ont considérablement amélioré l’accès aux énergies et réduit le risque de coupures d’électricité. Cependant, le rapport de l’OCP Policy Center ne manque pas d’observer que le secteur, notamment les institutions en charge de la gestion de celui-ci, font face à d’énormes difficultés financières (du moins des défis) et enregistrent des retards importants en matière « d’investissements clés » ou stratégiques. Particulièrement l’ONEE dont la piteuse santé financière a nécessité l’intervention de l’Etat en juin 2014. Un problème structurel, selon le rapport, amplifié par « un contexte institutionnel complexe, composé d’une multitude d’agences et de partenaires publics et privés », sans encadrement clair permettant de définir les missions de chacun. L’OCP Policy Center estime aussi que ces difficultés financières sont dues à une structure des prix qui ne reflète pas les coûts d’exploitation du secteur, la faible collecte des paiements, la difficulté pour de nombreux distributeurs privés de recouvrir leurs dettes, l’usage excessif du fuel coûteux et les retards dans les investissements dédiés aux grandes installations de production rentables. Le rapport reproche aussi à l’ONEE d’avoir mis en place le déploiement d’un programme d’électrification du rural qui n’était pas économiquement viable. Autrement dit, le think-tank recommande la mise en place d’une stratégie durable et cohérente, une production d’électricité à faible émission de carbone, mais surtout –cerise sur le gâteau- l’augmentation des tarifs de l’électricité « artificiellement bas ». Par ailleurs, le rapport critique vivement le statut de l’ONEE à la fois unique acheteur du pays tout en étant une entité contrôlée par l’Etat.

Plus d’innovations technologiques !

Dernier point du rapport, un constat plutôt logique. Si le Maroc a été à la pointe de la pointe du développement des télécommunications à travers l’ensemble du continent africain, pourquoi ne fait-il pas de même avec le développement énergétique? Pour ce faire, recommande le think-tank, le pays doit avoir recours à des compteurs et des technologies intelligentes afin d’éviter le gaspillage et de réduire les inefficacités dans les systèmes d’alimentation, « tout en intégrant les énergies renouvelables ». Enfin, l’OCP Policy Center propose également l’utilisation de système de stockage d’énergie auprès des opérateurs et des particuliers afin de « mieux gérer l’équilibre offre-demande en électricité ». Des outils déjà utilisés ou prévus pour être développés par l’ONEE et MASEN. Mais plus que tout, le rapport recommande particulièrement la transformation du cadre institutionnel.

Par Sanae El Asrawi
Le 19/02/2015 à 07h18