Vidéo. Le classique "Autant en emporte le vent" s'offre une nouvelle jeunesse

Un exemplaire du livre de Margaret Mitchell "Autant en emporte le vent" -signé par le producteur, le réalisateur et la plupart des acteurs du film éponyme qui en fut tiré en 1939.

Un exemplaire du livre de Margaret Mitchell Autant en emporte le vent -signé par le producteur, le réalisateur et la plupart des acteurs du film éponyme qui en fut tiré en 1939. . AFP

Le 08/06/2020 à 13h13

VidéoLe chef-d'oeuvre de la romancière américaine Margaret Mitchell, "Autant en emporte le vent", publié en français en 1939, la même année que la sortie du film éponyme aux 10 Oscars, paraît jeudi 11 juin pour la première fois dans une nouvelle traduction.

Publiée en deux volumes (720 pages chacun, 13 euros), en format poche, aux éditions Gallmeister, cette nouvelle version a nécessité un an de travail et de recherches de la part de la traductrice Josette Chicheportiche qui a eu la difficile tâche de revisiter une oeuvre, superbe et flamboyante, mais aussi terriblement datée et scandaleuse dans sa façon de décrire les rapports raciaux dans le Sud esclavagiste.

Fresque intemporelle sur l'amour et la guerre, Autant en emporte le vent raconte l'histoire de Scarlett O'Hara, fille de riches propriétaires sudistes, qui va voir son monde s'effondrer avec la guerre de Sécession.

Réfugiée à Atlanta à la suite d'un chagrin d'amour, elle y croisera l'aventurier Rhett Butler, avec qui elle partagera une passion tragique...

Dans la version française éditée depuis 1939 par Gallimard, le traducteur "historique" de Margaret Mitchell, Pierre-François Caillé (1907-1979) avait choisi de faire parler les Noirs de la plantation de façon caricaturale remplaçant notamment les sons "r" par une apostrophe.

"C'est-y la bonne de vot'enfant? Ma'ame Sca'lett, elle est t'op jeune pou' s'occuper du fils de missié Cha'les!", dit ainsi un personnage noir dans la version de 1939. Sous la plume de Josette Chicheportiche cela devient: "C'est la nurse de vot'enfant? Ma'ame Scarlett, l'est trop jeune pour s'occuper du seul bébé de m'sieur Charles!"

"Bien qu'étant indéniablement un produit de son temps, au même titre que le roman", la traduction de Pierre-François Caillé "continue de ravir par son charme et d'impressionner par sa rigueur", soutient Gallimard qui a détenu les droits exclusifs du livre jusqu'au 1er janvier, avant que le roman tombe dans le domaine public.

Parallèlement à la sortie de la nouvelle version du roman chez Gallmeister, Gallimard publie également jeudi, dans sa collection de poche Folio, une nouvelle édition en deux volumes de l'unique livre de Margaret Mitchell.

Les lecteurs y retrouveront la traduction de Pierre-François Caillé mais découvriront aussi une partie de la correspondance inédite entre le traducteur français et l'écrivaine américaine décédée accidentellement en 1949.

Dans une des lettres, Pierre-François Caillé explique à la romancière ses choix de traducteur.

"Vous remarquerez, l'omission de la consonne "r" caractéristique de ce langage que nous appelons souvent "petit nègre". Je crois qu'il n'y avait pas d'autre façon de procéder", se justifie-t-il dans une lettre datée de décembre 1937.

"Je crois que votre traduction est la seule traduction étrangère de mon livre dans laquelle les personnages nègres parlent en dialecte", le félicite en retour la romancière.

Par rapport à l'édition française de 1939 (le roman fut publié aux États-Unis en 1936), Josette Chicheportiche s'est efforcée d'être plus fidèle au texte original.

On peut ainsi comparer la première et la dernière phrase du roman. Dans la VF de 1939, le livre commence par "Scarlett O'Hara n'était pas d'une beauté classique". La version de 2020 se contente d'un "Scarlett O'Hara n'était pas belle". La phrase originale est "Scarlett O'Hara was not beautiful".

La dernière phrase dans l'édition de Gallimard est "Demain, je chercherai un moyen de ramener Rhett. En somme, à un jour près..." Chez Gallmeister l'ultime phrase est: "Demain, je réfléchirai à un moyen de le faire revenir. Après tout, demain est un autre jour".

En anglais, le livre se conclut par les mots: "Tomorrow, I'll think of some way to get him back. After all, tomorrow is another day"

Entre les deux versions, une seule chose n'a pas changé: le titre!

Le titre français du livre (Gone with the Wind en VO) ne fut pas facile à trouver.

Le chef-d'oeuvre aux plus de 30 millions d'exemplaires vendus dans le monde, dont 2 millions en français, aurait pu s'intituler "Emporté par le vent", "Le vent a passé", "Quand le vent souffle" ou encore "Après la tempête", révèlent les archives de Gallimard.

C'est l'éditeur Jean Paulhan, directeur de la NRF, qui trancha pour Autant en emporte le vent.

Revivez en vidéo l'une des scènes cultes du film aux 10 Oscars. 

Le 08/06/2020 à 13h13