«J’ai peur, je connais les risques, j’ai toujours connu les risques», a déclaré l’auteure marocaine de 40 ans au journal l’Observer, suite à l’attaque au couteau perpétrée le 12 août contre Salman Rushdie, lors d’une conférence à la Chautauqua Institution dans l’Etat de New York, près de trente ans après l’émission d’une fatwa en Iran appelant au meurtre de l’auteur du livre Les Versets sataniques.
Mais pas question pour autant d’annuler ou de reporter des évènements culturels et de céder ainsi à la peur. Pour Leïla Slimani, récemment nommée présidente du Prix International Booker au titre de l’année 2023, cela reviendrait en effet à laisser gagner les terroristes.
Et pourtant, le risque est bien réel. «Nous avons tous peur, nous savons tous qu’un jour un couteau ou une bouteille d’acide ou quelque chose comme ça pourrait nous arriver, mais c’est ce que nous devons faire. Et si nous le faisons, nous devons le faire courageusement», assume ainsi l’auteure de plusieurs romans à succès dont Chanson douce, qui a reçu le prix Goncourt en 2016.
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Ainsi, encourage-t-elle d’un côté les écrivains à doubler les évènements, les rencontres et de l’autre, les lecteurs à lire davantage et à s’intéresser «à tout ce qui se passe dans le monde», car pour Leïla Slimani, pas question que «les terroristes dictent (son) programme et (sa) vie».
«Je me sens obligée d’être courageuse, même si parfois j’ai très peur, pas seulement pour moi mais pour ma famille, pour mes enfants», confesse-t-elle à la publication anglo-saxonne, avant de confier avoir parfois «le sentiment d’être lâche, de ne pas (se) battre assez contre le fanatisme, le terrorisme et les islamistes».
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Aux yeux de l’écrivaine marocaine qui vit à Lisbonne, ce combat est un devoir, au même titre que pour tous les intellectuels musulmans qu’elle appelle de ses vœux à incarner «les voix de l’illumination, (…) de la liberté, (…) de la dignité», car qui mieux qu’eux pour «parler au nom de toutes ces personnes qui ont peur de parler», sans toutefois tomber dans l’écueil de l’autocensure.
Et pour cause, conclut Leïla Slimani, «si les écrivains et les intellectuels ont peur, c’est la fin. Nous devons être les voix de la liberté, nous n'avons pas d’autres choix que d’être libres. Parce que c’est la définition de notre travail».








