L'"Enracinerrance" d'Aurèle Andrews Benmejdoub

Aurèle Andrews Benmejdoub

L’artiste photographe Aurèle Andrews Benmejdoub exposera à Tanger pour la première fois, du 26 mars au 2 mai, à la Photo Loft galerie. Deux nocturnes viendront ponctuer cette exposition, les 9 et 23 avril.

Le 17/03/2015 à 05h00

"Enracinerrance". Une exposition qui interroge ce qu’Aurèle Andrews Benmejdoub appelle la «migrance» et interpelle aussi bien «les contradictions internes du pays d’accueil que la nostalgie de celui quitté. "Dans mon cas, la France (pays de naissance) L'Algérie et les États Unis (Pays des "racines") et en ce moment le Maroc, pays de Ma migration", explique l’artiste pour présenter cette poétique de l’exil et de l’errance, une poétique du lieu, jamais vraiment sien, dont il fait un espace onirique dans un jeu où s’entremêlent le réel et le fantasme, où se bousculent et se juxtaposent diverses mémoires et temporalités.

A la question de savoir si ces lieux interrogés n’étaient pas tous devenus, quelque part, des espaces d'exil, des lieux de l’altérité, Aurèle Andews Benmejdoub nous confie que la question des racines et de l’errance est récurrente chez lui. «Où sont mes racines? Là où je suis né, là où j’ai grandi, là d’où viennent mes ancêtres? Le fait est que je n’ai toujours pas de réponses et que plus le temps passe plus la question me paraît sans objet. J’ai de multiples racines mais elles ne sont pas un ancrage physique, juste des références où je peux puiser ce qui me plaît de chaque culture. Donc oui, l’altérité pour moi est un processus normal, intégré à ma personnalité. Je suis Aurèle Andrews et aussi Hamid Benmejdoub et je n’ai pas à choisir , Les deux me conviennent», ajoute-t-il.

Les œuvres se font miroir d’un imaginaire où, s’épousant et se repoussant, les lieux en arrivent à élaborer un lieu autre, un corps autre. Une sorte de lieu et de corps du foncièrement autre qui n'a lieu que dans l'absence ou l’espace fantasmé. Un sentiment dans lequel nous confortera Aurèle Andrews Benmejdoub en nous décrivant son travail comme «une interrogation de l’absence et du trop plein qu’elle peut induire. "En mélangeant des lieux et des espaces temporels différents, je tente de construire un monde fantasmé, un monde sans fondements autres que ceux que je crée."Et le parti-pris du noir et blanc: une façon de sublimer ce rapport fantasmé à l'espace souvent mis en scène comme un rêve vaporeux? «Oui et non», répondra-t-il. «J’ai choisi le noir et blanc comme une sorte de filtre à mes émotions, comme une manière de voir cette ville avec des œillères. Je ne voulais pas travailler de manière trop nette ni trop précise, l’idée étant de me laisser la liberté de rester dans le flou, comme j’ai pu l’être en arrivant à Tanger. Ne sachant pas encore si je voulais rester et vivre ici où continuer à voyager.»

Une œuvre à découvrir ou à redécouvrir. Et redécouvrir encore. Car elle est de ces traces qui vous saisissent d’emblée sans jamais tout à fait livrer tous leurs secrets.

Par Bouthaina Azami
Le 17/03/2015 à 05h00