Le Maroc n'investit pas assez dans la culture

Brahim Taougar - Le360

Revue de presseKiosque360. La culture peut être un véritable levier économique pour le pays. Pourtant, les dépenses en la matière restent faibles comparativement aux pays voisins. La dernière étude du Conseil économique et social pointe du doigt les défaillances de ce secteur.

Le 06/07/2016 à 00h00

Le ratio de bibliothèques par habitant est de l’ordre de 1 pour 100.000 au Maroc. Et la situation ne fait qu’empirer. La plupart des nouveaux complexes résidentiels sont construits sans tenir compte de cette variable. Il existe à peine quelques timides initiatives de l’Etat.

Une nouvelle étude du Conseil économique et social sur la situation de la culture au Maroc révèle que le budget du ministère de tutelle ne dépasse pas 72 millions de dollars. Un montant ridicule comparé aux 258 millions de dollars alloués par l’Algérie, soit 0,5% du budget de l'Etat. De même, la Tunisie attribue annuellement 112 millions de dollars à la culture, soit 0,7% du budget de l’Etat. L’UNESCO recommande un taux de 1%.

L’étude, rapporte le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum dans son numéro de ce mercredi 6 juillet, indique, par ailleurs, qu’un peu plus de 2.000 livres sont publiés chaque année au Maroc. «Le nombre moyen d’exemplaires imprimés de chaque livre se situe entre 1.000 et 1.500», ajoute le journal.

En outre, sachant donc que chaque bibliothèque, au Maroc, couvre une population de 100.000 personnes, les Marocains s'adonnent peu à la lecture, les espaces dédiés étant rares et souvent, de plus, mal gérés. Ainsi, le royaume compte 71 centres de lecture et 624 bibliothèques publiques, soit un manque de 4.000 bibliothèques selon les estimations de l’Unesco, rapporte le journal.

Dans le domaine cinématographique, le Conseil a relevé une hausse des productions, une multiplication des festivals et une diversification des courants artistiques. Cependant, cette richesse culturelle, en augmentation, n’est pas accompagnée de nouvelles salles de cinéma, conclut le rapport. Pire, le nombre de salles de projection est en nette récession. «Il est passé de 65 salles en 2011 à 58 en 2012, puis à 31 en 2015», indique l’étude.

De manière générale, les indicateurs culturels des années 70 et 90 sont meilleurs que ceux d’aujourd’hui. Selon le rapport du Conseil, il faut impérativement remédier aux lacunes, car «l’économie culturelle représente un défi stratégique à relever pour construire une société culturelle», précisent les auteurs du rapport. C’est également un véritable levier économique qu’il convient d’entretenir. A titre d’exemple, chaque dirham dépensé au Festival gnaoua fait gagner 17 dirhams à la ville d’Essaouira.

Par Abdelhafid Lagzouli
Le 06/07/2016 à 00h00