Casablanca. Ghizlane Agzenai: aux sources de l’abstraction géométrique

Fouad Maazouz.

Elle a fait ses premières armes en réalisant des peintures murales monumentales à Paris, Barcelone ou Linz (Autriche). Son premier solo show, à Casablanca, signe, avec éclat, son entrée dans le paysage artistique national.

Le 26/03/2019 à 12h09

Après une formation en finance, cette Tangéroise a œuvré dans les milieux casablancais de la com'. Et puis, via son contact permanent avec le graphisme, elle sent naître une vocation, qu'elle ne sait pas très exactement définir au départ. Elle est particulièrement attirée par le street-art, version peinture murale plutôt que graffiti.

Elle noircit des kilomètres de carnets de recherches. "Noircir" n'est d'ailleurs pas le terme idoine, puisque, tout de suite, s'impose à elle la couleur -des aplats francs, pour ne pas dire acidulés. Et des formes géométriques. Très architecturées. Très imbriquées.

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Au sortir de notre entretien avec Ghizlane Agzenai, nous ne savons toujours pas jusqu'à quel degré l'artiste naissante qu'elle était alors était consciente d'inscrire ses pas dans ceux des figures les plus emblématiques des chantres de la figuration géométrique, option Opt'art -ce mouvement international, né dans les années soixante, porté par un Franck Stella aux USA, un Vasarely en Europe, en réaction à l'abstraction lyrique qui avait précédé.

La trentaine d'œuvres, actuellement accrochées aux cimaises de la Galerie 38, nous plonge dans un monde de couleurs chatoyantes, "corrigées" par l'extrême rigueur d'un trait architectural. Un monde d'Utopie -mot qui pourrait résumer l'essence même de cette modernité, aujourd'hui, paradoxalement, "traditionnelle".

Osons: Ghizlane Agzenai est l'heureux croisement entre Frank Stella et Melehi. Car, chromatiquement parlant, il est impossible de ne pas penser à notre Melehi national devant la palette de la jeune artiste. Tout cela est exécuté avec une maîtrise, un savoir, forts étonnants pour une autodidacte.

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L'exposition nous propose une trentaine d'œuvres, sur différents supports. Cela va du petit collage papier à l'installation (plexiglas illuminé), en passant par la toile grand format. Nous avons une tendresse particulière pour ces bas-reliefs en contreplaqué découpé au laser, mettant délicatement en valeur le travail de perspective de l'artiste.

Galerie 38, Casablanca. Jusqu'au 21 avril 2019.

Par Jamal Boushaba
Le 26/03/2019 à 12h09