La santé du grand artiste Ammouri Mbarek inquiète, actuellement, ses proches et ses nombreux amis et admirateurs. Celui qui a donné un nouveau souffle à la musique amazighe et que d’aucuns surnomment «Le Bob Dylan marocain», est en effet actuellement soigné dans une clinique casablancaise pour de graves problèmes respiratoires. Une clinique où la musique lui manque, lui qui respire à travers elle comme il la fait respirer. Au point qu’il a demandé à sa femme de lui amener sa guitare.Né en 1951 dans la région de Taroudant, dans ce village d’Irguiten veillé par les montagnes du Haut-Atlas, Ammouri Mbarek s’est retrouvé, très tôt, privé de ses parents, brusquement décédés. Il sera pris en charge, suite à cette tragédie, par la maison des enfants Lalla Amina, un orphelinat tenu par des sœurs franciscaines. C’est là que commencera son éducation musicale. Le jeune Ammouri Mbarek commence en effet, dans cet orphelinat, à s’initier à la guitare et au chant. Il évoque avec humour la chorale dont il faisait partie et où il chantait, avec ses petits camarades, des «Frère Jacques» et autres «Pont d’Avignon» bien loin de ces rythmes originels qui murmuraient en lui; évoque avec plaisir, aussi, les animations qu’on lui confiait des soirées du collège Ibn Sulaiman Roudani alors qu’il n’était encore qu’un très jeune adolescent. Un adolescent dont chacun a tôt fait de remarquer le talent et qui, bientôt, ressentira le besoin d’écrire et de composer ses propres morceaux, des morceaux puisant dans ses racines berbères et africaines.Après avoir monté plusieurs groupes dont «Birds», «The Souss Five» ou encore le groupe «Yah» qui sera plus tard rebaptisé «Ousmane», Ammouri Mbarek entamera, à la fin des années 70, une carrière solo qui le mènera, et ce par trois fois, jusqu’à l’Olympia, entre autres. Car l’artiste écumera l’Europe et l’Amérique, de la Belgique au Canada, de la Hollande aux Etats-Unis. En 1985, il chantera l’exil avec un orchestre symphonique qui jouera sa fameuse chanson «Gennevilliers». Des années et plus de dix albums plus tard, nous en demandons encore et attendrons que le chanteur à la voix gorgée de terres ensoleillées retrouve voix pour continuer de nous enchanter.
Par Bouthaina Azami
Le 11/10/2014 à 22h10




