Adieu "Gabo"

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Le grand Gabriel Garcia Marquez s'en est allé, à l'âge de 87 ans, ce jeudi 17 avril. Le prix Nobel de littérature 1982, l'écrivain grandiose qui aura marqué son époque et au-delà, est mort, chez lui, à Mexico. "Gabo" est parti. Et le monde est deuil.

Le 17/04/2014 à 23h34

Nous aurions bien passé encore, avec lui, cent ans de féérique solitude. Mais nul doute qu’il restera dans les mémoires bien plus longtemps que cela pour faire rêver et frémir encore des générations et des générations, lui qui a traversé les temps sans que la force de sa plume ne faillisse, ne faiblisse, sans que son univers, délicieusement onirique et pourtant si saisi de mondes implacablement tangibles qui prennent dans la chair tant eux-mêmes prennent corps dans leur révélation à eux-mêmes, ne prenne une ride. Nous aurions bien passé encore avec lui cent ans de savoureuse solitude hantée de spectres aussi inquiétants que séduisants, comme un conte d’enfant qui vous prend, vous bouscule, vous émerveille et vous envoûte pour mieux vous porter vers autre chose, de l’autre côté des miroirs où se terre le sens des choses, tout au bout d’un filet de sang frais dont il faudra remonter le cours.Nous aurions bien passé quelques nuits, encore, avec ses Putains tristes et sa mémoire d’elles. Intense d’une autre solitude. Et nous en passerons encore. Les livres resteront. Sa mémoire est gravée à l’encre indélébile dans le papier et dans nos âmes. Sa plume continuera de danser sous nos peaux pour y épandre ses frissons. D’innombrables les ont déjà tatouées de grâces ineffables. Nous passerons encore des siècles de solitude. Mais celle qui nous laisse orphelins aujourd’hui est d’une grande douleur. Dépouillée de toute couleur, elle a éteint le rêve pour laisser place au deuil. Il reprendra son cours au fil de nos regards embués sur les pages laissées en héritage. Merci, Monsieur. Jamais nous ne ferons la chronique d’une mort non annoncée qui nous laisse égarés. Nous continuerons de fêter votre vie grâce à ce legs inégalable que vous avez offert à l’humanité. Adieu, "Gabo". Resteront "Des feuilles dans la bourrasque" de votre absence. 

Par Bouthaina Azami
Le 17/04/2014 à 23h34