Vidéo. Coronavirus. Propos racistes sur LCI: le club des avocat explique les dessous de son action en justice

Mourad Elâjoutti, avocat au barreau de Casablanca et vice-président du Club des avocats au Maroc.

Mourad Elâjoutti, avocat au barreau de Casablanca et vice-président du Club des avocats au Maroc. . le360

Dans une interview accordée à le360, Mourad El Ajouti, vice-président du club des avocats du Maroc, nous dit tout sur l’action en justice qui sera intentée suite aux propos racistes du chef du service de réanimation de l’hôpital Cochin à Paris, Jean-Paul Mira, sur LCI, jeudi 2 avril.

Le 04/04/2020 à 12h27

«Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation? Un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études sur le Sida. Chez les prostituées, on essaye des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et qu’elles ne se protègent pas» avait déclaré Jean-Paul Mira. «Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique». Lui avait répondu Camille Locht.

Suite à ces propos racistes de Jean-Paul Mira, et du professeur Camille Locht, qui est, lui, directeur de recherche à l’Inserm, le club des avocats du Maroc va porter plainte.

«Face à ces propos choquants, racistes où ces personnes ont comparé les Africains à des cobayes, des rats de laboratoire, la seule réponse logique et citoyenne, à notre sens, est d’intenter une action en justice», a déclaré Mourad El Ajouti, avocat au barreau de Casablanca et vice-président du club des avocats au Maroc.

Le club des avocats du Maroc, une association qui regroupe 400 avocats ayant pour but la vulgarisation de l’information juridique et la protection des droits de l’homme, va donc poursuivre en justice Jean-Paul Mira et Camille Locht ainsi que la chaîne d’information française LCI, appartenant au groupe TF1.

«Les faits s’étant déroulés en France, et suivant le principe de territorialité des faits, la plainte sera déposée auprès des tribunaux français», nous indique maître El Ajouti, tout en soulignant qu’un avocat marocain est en capacité de plaider devant un tribunal français.

Concernant les fondements de la plainte, le club des avocats au Maroc s’appuiera sur la loi relative aux infractions de la presse et les articles relatifs à la diffamation raciale et à l’injure raciale. La peine encourue va jusqu’à un an de prison et 45.000 euros d’amende.

"De nombreux confrères franco-marocains, français et africains nous ont fait part de leur soutien et de leur volonté de s’impliquer dans le dossier", conclut l'avocat.

A noter que ces propos ont provoqué l’indignation de la toile, et que le Parti socialiste français, ainsi que plusieurs personnalités et associations, comme SOS racisme, les footballeurs, Didier Drogba, Samuel Etoo, Mehdi Benatia et Abdeslam Ouaddou ont dénoncé ces propos.

Contacté par téléphone ce samedi matin, Mourad El Ajouti, nous confirme la poursuite de la procédure judiciaire malgré les excuses présentées par Jean-Paul Mira et par l’Inserm, au nom de Camille Locht, hier, vendredi 3 avril. 

Par Mehdi Heurteloup et Khadija Sebbar
Le 04/04/2020 à 12h27