Vidéo. Affaire des chats brûlés: Hind Moustaghfir, présidente de "Comme chiens et chats" témoigne

adil gadrouz

Safi a récemment été le théâtre d’un crime abominable. Une quarantaine de chats y ont été brûlés vifs. L’association «Comme chiens et chats Maroc» a déposé plainte. Sa présidente, Hind Moustaghfir, a reçu Le360 au siège de l'association, dans la banlieue de Casa, et témoigne.

Le 27/05/2019 à 12h57

A quelques kilomètres de Casablanca, à l’entrée de la route qui mène à Dar Bouazza, se trouve le siège de l’association «Comme chiens et chats». Ce vendredi 25 mai, Hind Moustaghir se déplace au refuge, pour rendre visite à ses pensionnaires à quatre pattes, victimes pour la plupart de violences physiques, de sévices corporels ou d’abandon.

«Ce berger allemand a été attaché par des câbles en fer, il y a encore les traces sur son corps amaigri, suite à plusieurs années de maltraitance et de malnutrition», lance-t-elle tout en s’agenouillant pour caresser quelques-uns de la cinquantaine de chiens en liberté que compte le réfuge. Ils se trouvent à l’extérieur des box, et accueillent joyeusement celle qui les a sauvés d'une mort certaine. 

Sur le terrain où se situe le siège de l'association, se trouvent les anciens et et les nouveaux pensionnaires, encore en convalescence. «Les chiennes avec leur bébés étaient en route pour l’abattoir, je les ai sauvées in extremis», précise-t-elle. 

Hind Moustaghfir revient ensuite sur l'affaire des 40 chats brûlés vifs par un homme à Safi.

«Le 6 mai, deux bénévoles [de l'association Comme chiens et chats, Ndlr], qui ont l’habitude de nourrir ces chats, ont été agressées par un jeune homme avec son chien qui voulait s’en prendre aux chats. Quand l’une des femmes a riposté, il lui a cassé les vitres [de sa voiture], et l'a menacée. Elle a appelé la police mais ils ne sont pas intervenus. Une semaine plus tard, le 14 mai, il est revenu, a enfermé les chats dans les niches et y a mis le feu. Il y avait 60 chats, 20 ont réussi à s’échapper», confie Hind Moustaghir, la voix tremblante, encore bouleversée par l’horreur de ce drame qui a touché des animaux qu'elle tentait de sauver.

«C’est un geste d’un cynisme et d’une barbarie sans nom», s’insurge Hind Moustaghfir, qui a déposé une plainte, lundi dernier auprès du procureur du roi près le tribunal de première instance de Safi.

C’est l’avocat Youssef Gharib qui se chargera de porter cette affaire devant la justice.

«La plainte a été reçue et le parquet a ordonné l’ouverture d’une enquête pour arrêter l’auteur du crime. Le procureur du roi a félicité l’avocat pour cette initiative, qui est une première en matière de jurisprudence au Maroc pour le droit des animaux», se félicite la présidente de «Comme chiens et chats».

«Ce n’est pas uniquement l’affaire des bénévoles et des associations [de protection des animaux, Ndlr] mais c’est l’affaire de tous les Marocains! On reconnait le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite les animaux, avait dit Ghandi. Imaginer brûler des chats, des êtres vivants, et qu’il n’y ait pas de poursuite, c’est inconcevable! Il faut appliquer des sanctions à l’encontre de l’auteur de cette acte criminel», s'indigne-t-elle.

Mais la militante et son avocat ne comptent pas s’arrêter là. Car si la plainte est recevable, le texte législatif traitant de la cause animale devient dépassé et obsolète.

«Les articles 601 et 602 du code pénal n’ont jamais été appliqués, ils parlent d’une amende de 5.000 dirhams et de peines emprisonnement de 2 à 6 mois, ce qui est totalement insignifiant. Nous demandons une réactualisation et une révision des textes. L’objectif est de proposer une nouvelle loi plus sévère et davantage protectrice envers les animaux», explique cette responsable associative.

Et de poursuivre: «nous vivons quotidiennement des cas de maltraitances, et nous sommes seuls face à l’horreur absolue car il n’y pas de Loi. Les abattages, les empoisonnements, les sévices physiques... Tout cela noircit l’image du Maroc! Pour rappel, il y a des milliers de cas par an, pour ne citer que l’histoire de Ray, le chien de Lissasfa, qui avait été mutilé. C'était en 2015, et ce crime est resté impuni». 

«Il faut certes durcir la loi pour combattre la violence contre les animaux et dissuader les personnes de s’en prendre à ces sans-voix, mais il faut aussi éduquer et sensibiliser. Je veux dire aux gens que nous n’allons plus nous taire, et que nous allons rendre justice à ces êtres vivants sans défense qui souffrent depuis des années en silence. Non à la maltraitance des animaux! Dorénavant tous les crimes commis sur les animaux seront sévèrement punis, la loi va va être appliquée», conclut, indignée, Hind Moustaghfir qui entend cette fois-ci aller jusqu’au bout pour obtenir justice.

Par Ghizlaine et Adil Gadrouz
Le 27/05/2019 à 12h57