Université de Tétouan: tout sur le scandale «emploi contre argent»

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Revue de presseKiosque360. C’est une affaire de corruption qui commence à prendre de l’ampleur. Le réseau formé par un ancien doyen, un professeur universitaire et un haut fonctionnaire a déjà fait pas moins de 340 victimes. Les sommes en jeu sont considérables.

Le 10/01/2020 à 22h39

Professeurs, cadres administratifs, mais aussi étudiants, tout ce monde est impliqué dans ce scandale qui a secoué récemment l’Université Abdelmalek Essaadi de Tétouan. D’après les premiers éléments de l’enquête menée sous la supervision du ministère public à Tanger, un ancien doyen, un professeur universitaire et un secrétaire général de l’université serait derrière la constitution de ce réseau de corruption, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghrebia dans son édition du week-end des 11 et 12 janvier.

Le réseau s’appuyait surtout sur un jeune homme, actuellement en détention, qui, avec l’aide d’autres jeunes considérés comme proches de l’ancien doyen de la faculté polydisciplinaire de Tétouan, recrutait les victimes. Le jeune homme qui occupe le poste d’administrateur deuxième grade, poursuit le quotidien, a tout déballé, de son propre gré, devant la police, depuis ses débuts à la faculté polydisciplinaire de Tétouan jusqu’à son arrestation, la semaine dernière, dans un café à chicha à Tanger. 

Le détenu a ainsi dévoilé comment il a pu accéder à son poste, contre une somme d’argent, et comment il a joué l’intermédiaire auprès d’autres étudiants leur promettant des postes d’emploi contre des sommes convenues. C’est ainsi, a-t-il avoué, qu’en 2017, au moment de passer ses examens de master en droit international à la Faculté de droit de Tanger, il a été approché par un professeur de mathématiques qui lui a promis le poste d’administrateur à la faculté polydisciplinaire de Tétouan contre la rondelette somme de 270.000 dirhams. 

Le jeune homme a accepté l’offre et s’est acquitté de la somme en plusieurs tranches. Il a été effectivement recruté comme administrateur deuxième grade à la faculté polydisciplinaire de Tétouan, où le doyen l’a aussitôt promu «chef de service des diplômes». En parallèle ses relations avec le professeur de mathématiques se sont développées et ce dernier l’a chargé de recruter des étudiants souhaitant s’inscrire soit en master ou en licence professionnelle contre des sommes d’argent allant de 35.000 à 40.000 dirhams. Il intervenait également pour les étudiants souhaitant changer leur inscription entre les établissements universitaires de Tétouan et de Tanger, contre des sommes variant entre 2.000 et 2.500 dirhams.

La «meilleure offre» de ce réseau, poursuit le journal, consiste en la promesse de recrutement contre des sommes allant de 100.000 à 220.000 dirhams. Le jeune homme versait les sommes perçues aux autres membres du réseau, le professeur de mathématiques, le doyen et le secrétaire général, chacun une part convenue, et remettait en contrepartie aux candidats des chèques de garantie. Il aurait ainsi fait l’intermédiaire entre le professeur de mathématiques et au moins 300 étudiants, dont un en master, et permis à ces derniers d’obtenir de bonnes notes contre 3.000 dirhams chacun.

De même, poursuit Al Ahdath Al Maghrebia, le jeune homme aurait également recruté plusieurs étudiants candidats au master en finances islamiques de l’ancien doyen, comme il lui a permis d’intervenir, contre de l’argent, pour le changement d’inscription de 42 étudiants. Pour le secrétaire général, il aurait fait l’intermédiaire pour plusieurs candidatures au master et pour huit recrutements dans la fonction publique. 

D’après le quotidien Assabah qui rapporte également l’information dans son numéro du week-end, le mis en cause (T.H) aurait ainsi cité pas moins de 340 cas. Selon le quotidien, toutes les personnes citées seront entendues par la police dans le cadre de cette enquête au même titre d’ailleurs que les victimes de ce réseau. Certaines parmi ces personnes ont, par ailleurs, déjà fait l’objet de mesures préventives, décidés par la justice, comme l’interdiction de quitter le territoire, en attendant l’évolution de l’enquête et la détermination du degré d’implication de chacun dans cette affaire et de la nature des faits desquels il doit répondre.

Par Amyne Asmlal
Le 10/01/2020 à 22h39