Une vie, une épreuve. EP.3. Moi, Mohamed, meurtrier condamné à la perpétuité

Mohamed Farhoune a vu son destin basculer à l'âge de 25 ans, quand il a tué une femme.

Mohamed Farhoune a vu son destin basculer à l'âge de 25 ans, quand il a tué une femme. . le360

Le 07/05/2021 à 21h20

VidéoDans ce troisième épisode de votre émission «Une vie, une épreuve», Le360 retrace le parcours de Mohamed Farhoune, membre d’un réseau de trafic de drogue dont la vie va basculer après un meurtre involontaire. Perpétuité, survie en milieu carcéral, vie d’après... Il raconte.

Une chose est sûre: Mohamed Farhoune aime se raconter. Son sens du récit n’a d’égal que son ton entraînant, la précision des faits relatés et cette distance qu’il marque par rapport à sa propre histoire. Un "talent" dont il fait aujourd'hui son métier, en devenant Youtubeur.

Le parcours de Mohamed Farhoune, aujourd’hui âgé de 54 ans, n’a cependant rien d’amusant. Très jeune, il est déjà délinquant notoire, connu des postes de police et autres tribunaux pour coups et blessures, vols et petits trafics de drogues. Il purge ainsi nombre de peines de prison plus ou moins courtes. Une vie de misère qui bascule alors qu'il n'a que 20 ans. C'est à cette époque que Mohamed Farhoune fait la connaissance d’une ressortissante française qui passe son temps entre le Maroc et son pays d’origine.

Cette femme est trafiquante de drogue et a besoin de quelqu’un pour camoufler ses cargaisons de cannabis et faire en sorte qu’elles ne soient pas détectables aux postes-frontières. Mohamed Farhoune a la tête de l’emploi. C’est à lui que revient la charge d’emballer les plaquettes de drogue de manière à les faire passer à travers les mailles du filet que sont les chiens renifleurs aux postes-frontières. Comme c’est à lui d’habiller les remorques de camions, notamment avec du bois, pour faire passer leurs illicites cargaisons à travers les scanners.

Ayant loué une villa cossue à Rabat, la trafiquante en fait à la fois son quartier général, sa banque (puisqu’elle y cache de l’argent et ses bijoux) et son atelier. C’est là où Mohamed Farhoune se rend pour exécuter les tâches qui lui sont demandées contre un salaire confortable de 25.000 dirhams, dans un premier temps.

Tout en préparant les plaquettes et les cases pour la marchandise, il occupe ses journées à boire, fumer du cannabis et consommer des psychotropes. Il a pour seule compagnie une femme de ménage, qui n’est autre que la nièce du mari marocain de la ressortissante française.

La routine se poursuivra jusqu’au jour où, par négligence, la trafiquante va laisser ouverte une planque où elle cachait une partie de sa fortune, dans sa chambre. La femme de ménage va la découvrir…et se servir. La ressortissante française va constater le vol et, folle de rage, va en accuser Mohamed Farhoune, alors âgé de 25 ans. A peine conscient, et n’acceptant pas ses injures, il va riposter en l’insultant et en gesticulant, un objet contondant (dont il se servait dans son travail) à la main. Le coup de trop ne va pas tarder. La trafiquante tombe, baignant dans son sang. Elle est morte.

Poursuivi pour meurtre et vol qualifié, Mohamed Farhoune écope d’abord de la perpétuité. La responsabilité de la femme de ménage dans le vol est avérée par la suite, et lui sera finalement condamné à 30 ans, puis à 25 ans pour meurtre involontaire. 

La souffrance, la sienne et celle de son entourage, sa mère, morte de chagrin, la solitude, l’hostilité et la violence du milieu carcéral, les excès et jusqu’à la folie et les tentatives de suicide... Mohamed Farhoune a connu tout cela et bien pire encore. Celui qui a créé une chaîne Youtube pour se raconter, nous en parle.

Par Ali Tantani avec Khadija Sebbar et Adil Guedrouz
Le 07/05/2021 à 21h20