Tourisme à Marrakech: Jamaâ El Fna retrouve son dynamisme d’antan

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Prisée pour ses petites échoppes et ruelles où il fait bon flâner, la médina de Marrakech retrouve son lustre d'antan avec un afflux croissant de touristes. Mais le regain d’activités marque aussi le retour des arnaques et autres pratiques frauduleuses qui portent un sacré coup à l’image de la première destination touristique du Royaume.

Le 18/04/2022 à 11h40

Décidément, Marrakech renoue avec sa «Bahja», le fameux élan d’enthousiasme qui, depuis toujours, fait sa renommée. Deux mois après la réouverture des frontières aériennes, la place Jamaa El Fna, porte d’entrée de la médina, grouille d'activités: les touristes affluent, le commerce se redresse lentement et les commerçants retrouvent espoir. Dans les souks, l’odeur des épices flotte dans l’air, pour le plus grand bonheur de promeneurs qui s’égarent dans le dédale des ruelles.

«Les touristes déferlent en masse depuis le début du mois de ramadan, et la différence est nette avec la crise sanitaire», se réjouit Yassine, le gérant d’un bazar au cœur de cette place. Profitant d’un climat printanier plutôt agréable au cours de la journée, les touristes investissent les lieux pour prendre des clichés, sillonnent les ruelles étroites de la médina, parmi les échoppes. Au coucher du soleil, l’atmosphère festive laisse place aux tatoueuses de henné et aux musiciens... Belle ambiance... Mais la plupart des touristes préférent encore aller siroter un thé à la menthe à la terrasse d’un des innombrables cafés au milieu d'un brouhaha incessant. 

A en croire les projections à court terme, le flux ne tarira pas, puisque pas moins de 390 vols et 58.800 passagers sont attendus entre le 18 et 24 avril 2022 à l’aéroport de Marrakech-Menara. Cela dit, ce regain d’activités marque aussi le retour des arnaques, et autres pratiques frauduleuses qui portent un vrai coup à l’image de marque de la première destination touristique du Royaume.

Des personnes qui s’improvisent guides touristiques pullulent dans la place. Leur mode opératoire est toujours le même: aborder les touristes en leur promettant les meilleurs spots, en leur faisant gagner du temps… En cas de refus, ils se font lourds, insistent, jusqu’à ce que le touriste se lasse et finit par céder. La plupart des visiteurs qui ne signalent d'ailleurs pas ces agissements à la police, préfèrent laisser des commentaires peu amènes sur le net.

Les témoignages consultables sur des forums en ligne donnent une idée sur la perception de Marrakech par les touristes: «en journée, vous tomberez nez à nez avec les charmeurs de serpents, un tableau assez incroyable et dépaysant! Tout sourire, les charmeurs vous invitent à vous approcher pour observer les serpents de plus près, avant de devenir menaçants…», explique ainsi, dans un billet publié sur son blog, une touriste qui a été la victime d’une escroquerie en bande organisée dans la médina. «C’est inadmissible d’assister à des scènes d’arnaques dans ce site classé pourtant au patrimoine mondial de l’Unesco. Et il y a quoi entacher l’expérience voyageur des touristes», s’indigne un bazariste.

Malgré l'important dispositif déployé par la police pour protéger les touristes contre ces insaisissables malfaiteurs, la situation n'a toujours pas changé. Il faut dire que la vulnérabilité des habitants des quartiers de la médina encourage à la formation d’association de malfaiteurs et de bandes spécialisées dans le crime organisé.

Ces faux guides servent souvent de rabatteurs, en connivence avec certains bazaristes, qui se livrent à des pratiques déloyales: «ce sont des pratiques qui nuisent à l’image de la ville, mais les vendeurs traînent pour la plupart une lourde ardoise, suite aux deux dernières années d’inactivité», tente d'expliquer un bazariste. La fin justifie-t-elle pour autant les moyens?

En tout cas, les commerçants s’accordent à dire que la reprise de l'activité touristique ne signifie pas pour autant, pour eux, plus de rentabilité: «le prix du cuivre est passé de 85 DH le kilo avant la pandémie à 150 DH aujourd’hui. Les produits ne s’écoulent plus comme avant, et j’ai vraiment du mal à renouveler les stocks même avec le flux de touristes d’aujourd’hui», explique ce vendeur de lampes artisanales fabriquées avec ce métal. Un constat qu'entérinent d’autres commerçant, qui se plaignent aussi de l'augmentation du prix à la pompe, qui se répercute, disent-ils, sur leur prix de vente final. 

Par Ayoub Ibnoulfassih
Le 18/04/2022 à 11h40