"Tbib Wa3i": l'appel urgent d'un collectif pour une médecine éthique, pratiquée en toute conscience au Maroc

La Dr Samira Nadia Amar est médecin. Les dispositions du serment d'Hippocrate qui définissent l'exercice de sa profession requièrent qu'elle obtienne le consentement éclairé de ses patients ou de leurs proches, avant toute intervention médicale.

La Dr Samira Nadia Amar est médecin. Les dispositions du serment d'Hippocrate qui définissent l'exercice de sa profession requièrent qu'elle obtienne le consentement éclairé de ses patients ou de leurs proches, avant toute intervention médicale. . MAP

"Tbib Wa3i" est un collectif composé d'étudiants, d'internes en médecine et de jeunes médecins. Ce mouvement original est né du désir d'installer une médecine consciente et humaniste, basée sur le consentement éclairé du patient.

Le 26/08/2021 à 12h08

Dénoncer les actions immorales, injustes et indignes dans l'exercice de la médecine. Tel est l’objectif du collectif «Tbib Wa3i» («un médecin conscient») qui prend comme base l'un des principes du serment d’Hippocrate, qui encadre l'éthique de l'exercice de la médecine: «Pimum non nocere», en latin, soit «d’abord, ne pas nuire».

Officiellement lancé le 12 août dernier sur Instagram, ce mouvement se compose d’étudiants en médecine, d'internes et d'externes résidents en médecine, ainsi que de jeunes médecins. «Nous n’avons qu’un objectif, une médecine éthique pour un Maroc meilleur», expliquent les membres de ce mouvement, dans le manifeste qui accompagne le lancement de cette initiative.

Ce même texte, fondateur de «Tbib Wa3i» ajoute «qu’au-delà de la simple critique, «Tbib Wa3i» est surtout là pour expliquer, pour comprendre ensemble les notions de base de l’éthique médicale, prendre conscience de la gravité des manquements à celle-ci, et nous encourager tous à changer notre vision et nos comportements pour offrir à nos concitoyens des prestations médicales, humaines de qualité».

S’il y a un comportement à changer d’urgence dans la pratique médicale selon «Tbib Wa3i», c’est cette tendance dans les hôpitaux publics à pratiquer les actes médicaux sans le consentement éclairé d'un patient.

Exemple probant: celui de ce témoignage poignant d’une étudiante en médecine, qui raconte une scène qui la marquera à vie dans un service de maternité.

La patiente subit une épisiotomie, une incision pratiquée au bas du vagin pour faciliter le passage du bébé au moment de l’accouchement, sans son contentement, alors que ce geste ne doit en aucun cas être systématique, et doit répondre à des indications précises. «Après quelques contractions, quelques minutes de travail dans les cris et la violence, la patiente est vite épisiotomisée, mal épisiotomisée, sans avoir été prévenue, sans explications, c’est une épisiotomie, longue, douloureuse… ».

Ce témoignage et il y en a bien d’autres, illustre les violences verbales que subissent, en silence, les patients dans les hôpitaux.

Pour justifier et défendre ses prises de positions, le collectif s’appuie entres autres sur le projet de décret n° 2.1.255, relatif au code de déontologie des médecins, publié dans le Bulletin officiel du 8 juillet 2021.

«Contrairement à l’ancien code de 1953, où le consentement ne figurait dans aucune loi (exceptions faites pour l’avortement, la transfusion sanguine, et la transplantation d’organes) le nouveau texte énonce le droit du patient à l’information médicale et la nécessité de recueillir son accord», argumentent les membres du collectif, dans la publication de leur manifeste sur Instagram. 

Par Qods Chabaa
Le 26/08/2021 à 12h08