Scandale. Baccalauréat: quand une professeure se moque de candidats dyslexiques

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Une professeure de Rabat a créé la polémique après avoir publié sur «Facebook» une note vocale remettant en doute les allégements des examens du Baccalauréat pour certains candidats. Or, il se trouve que les candidats visés sont atteint de troubles d’apprentissage. Les détails.

Le 18/06/2019 à 16h12

Un membre du corps enseignant lycéen de Rabat, a considéré dans un audio diffusé sur «Facebook», avoir relevé durant la surveillance aux examens du Baccalauréat, que des lycéens «rigolaient», à la sortie des classes, «l’un d’entre eux chevauchait même une moto». «Alors comment se fait-il, qu’ils aient des besoins spécifiques et bénéficient même d’un aménagement pour leurs épreuves du Baccalauréat», se questionne la professeure, stigmatisant ainsi les élèves en situation de handicap.

Chercheur dans le domaine de la scolarisation des enfants en situation de handicap et spécialiste des troubles d’apprentissage, Abdelhakim Bikourn a déclaré pour le 360, que la professeure à l’origine de cette polémique, «s’est permise d’émettre des jugements et donc de stigmatiser des élèves souffrant de handicap invisible». Ajoutant que «les troubles d’apprentissage ne sont pas visibles comme la plupart des handicaps». 

«La professeure a commis une faute en se mettant dans la peau d’un spécialiste ou d’un psychologue. Elle a émis des jugements, stigmatisant ainsi les élèves atteint de handicap, ce qui est inadmissible», détaille-t-il.

Le spécialiste a assuré que les examens du Baccalauréat aménagés, bénéficiant aux élèves en situation de handicap, ne sont pas corrigés au niveau de centres de corrections dans les écoles secondaires. «C’est au niveau des centres régionaux de l’académie où au niveau national, à travers le centre d’évaluation national».

«La professeure a déclaré dans l’audio publié sur Facebook, avoir entamé le processus de correction et même que les notes étaient élevées. Il se trouve que ses allégations sont fausses dans la mesure où l’heure à laquelle l’enregistrement a été publié, les corrections des examens n’avaient pas encore commencé, puisque le comité chargé de la correction au niveau des académies pour les copies revêtant un caractère spécifique, n’avait pas encore été formé. 

L’intervenant ajoute qu’il y a «une note d’information national sous le numéro 3.22.74 parut le 30 avril 2013. Elle contient des mesures règlementaires pour adapter les examens de contrôle continu en année diplômante, pour les élèves atteint de handicap ou de difficultés d’écriture et de prononciation.

Une autre note d’information enregistré sous le numéro 04.15 au 30 avril 2015, a été publié par l’Académie régionale de l’éducation et de la formation dans la région de Rabat.

«Cette note a adapté la surveillance continue et les examens locaux, au profit des étudiants handicapés ou souffrant de troubles d’apprentissage», explique-t-il.

La même source souligne que «l’organisation de ces examens est effectuée par le biais de notes éducatives nationales. Le spécialiste insiste sur l’intérêt des enfants présentant des troubles de l’apprentissage bénéficiant d’un programme spécifique adapté à leurs conditions».

Prévenant que «ce programme spécifique est subordonné à la présentation d’un dossier médical, afin qu’une commission provinciale, se prononce sur les cas».

Pour conclure, Abdelkarim Bikourn déclare que «nous devons garantir à ces enfants tous les droits», ajoutant que «le ministère doit mettre en place un référentiel délimité et précis pour mettre en place des examens du Baccalauréat allégés».

Ne pas prendre en compte le handicap d’un élève peut s’avérer destructeur pour sa scolarité. Le corps professoral doit- être dûment formé pour traiter ces cas qui ne sont pas si rare qu’on le prétend.

Au même titre que le handicapé moteur ou que le malvoyant, le dyslexique ou le bègue, a besoin non pas d’un traitement de faveur, mais d’un traitement spécifique.

A notre corps professoral d’être à la hauteur, d’être à la page, d’être pédagogue tout simplement.

Par Karim Ben Amar
Le 18/06/2019 à 16h12