Reportage aux urgences du CHU d'Ibn Rochd: «la grande pagaille»!

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Revue de presseKiosque360. Entre SDF qui squattent les bancs en toute indifférence, soignants totalement dépassés par la charge de travail et agents de sécurité qu'il vaut mieux avoir comme ami pour accéder aux soins, le tableau est très peu reluisant aux urgences d’Ibn Rochd, à Casablanca,. Reportage.

Le 18/10/2020 à 19h01

«La grande pagaille». C'est en ces termes que qualifie Assabah, dans son numéro du lundi 19 octobre, ce qui se passe chaque jour dans les urgences du CHU Ibn Rochd de Casablanca, qui est pourtant l'un des plus grands centres hospitaliers du Royaume.

Cette conclusion a été faite suite à un reportage sur place qui a permis à l'auteur de l'article de décrire l'ambiance qui règne dans ces services qui accueillent des centaines de malades chaque jour. Et la première chose qui l'interpelle est cette population particulière qui a élu domicile -au sens propre du terme- dans les couloirs des services d’urgences. Il s'agit principalement des sans domicile fixe (SDF) qui squattent parfois les chaises du service d'enregistrement des urgences, voire parfois les couloirs mêmes du bâtiment où sont supposés être prodigués les soins les plus urgents.

Pour mesurer l’ampleur de ce phénomène, la publication s’intéresse au cas de cette femme qui fait désormais partie de ce paysage désolant. Pendant plusieurs jours, ceux qui visitent les urgences la croisent, souvent dans la salle d’attente du service d’enregistrement. Cette quinquagénaire est parfois allongée sur un banc en ciment qu’elle a aménagé en lit de fortune. A ses côtés, on peut même voir une marmite, une bouteille d'eau, du pain et quelques déchets éparpillés. Personne ne sait ce qu'elle fait là, ni comment elle s'est retrouvée sur ce banc ou ce qu'elle attend des services d’urgences. Pire encore, personne ne semble vouloir le savoir!

Si le cas de cette quinquagénaire ne surprend pas grand monde sur place, c'est que les cas d'intrus squattant les couloirs des urgences sont devenus courants, au point qu'ils font désormais pleinement partie du paysage offert aux malades venant solliciter des soins. Et ce n'est certainement pas par indifférence ou manque d’humanisme du personnel soignant, mais plus parce que les choses ne sont pas vraiment ce qu'elles devraient être dans ce service. «Les gens sont débordés, entre les victimes d'accidents de la route, de crises, de différentes maladies! Ici, les soignants sont devenus comme des robots qui sillonnent machinalement tous les recoins du service pour essayer de répondre aux urgences d'un maximum de malades», confie à Assabah un agent de la sécurité, loin d'être surpris que ces squatteurs ne soient pas embêtés, surtout qu'ils ne font preuve d'aucune violence.

Ce même agent de sécurité, ajoute la publication, est un véritable exemple de ce qui ne va pas dans cet établissement. Théoriquement, sa mission est, certes, d'assurer la sécurité du service. Mais, dans la réalité, sa mission est encore plus compliquée que cela. Au fil des sollicitations de malades ne trouvant pas d'interlocuteur à qui s'adresser, c'est lui qui devient le principal point de contact avec eux. Le plus souvent, il les oriente vers les services habilités à les prendre en charge. Mais il se transforme parfois aussi en agent administratif aidant les gens à finaliser leur dossier. Il lui arrive même de donner ses astuces pour qu'un malade réussisse à «choper» le médecin qu'il recherche… Finalement, mieux vaut avoir l’agent de sécurité comme ami dans ces urgences, qu'un soignant ou un médecin.

Ce tableau très peu reluisant que fait Assabah de la situation des urgences dans ce CHU très prisé n'est malheureusement exagéré. Il apporte des exemples concrets de certains des maux qui rongent notre système de santé qui semble, aujourd'hui et plus que jamais, totalement dépassé.

Par Fayza Senhaji
Le 18/10/2020 à 19h01