Rapport: les internautes marocains parmi les visiteurs assidus des sites de Daech

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Revue de presseKiosque360. Un nouveau rapport britannique, publié récemment par le think-tank londonien «Policy Exchange», a placé les internautes marocains parmi les visiteurs assidus des sites de la nébuleuse terroriste Daech. Par curiosité ou par accointance? Les explications.

Le 24/09/2017 à 22h59

La Grande Bretagne, la Turquie, les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, tels sont les quatre pays où les contenus des sites de Daech (vidéos et articles de propagande) sont les plus consultés par les internautes locaux. Plus loin, suivent cinq autres pays, soit l’Egypte, le Yémen, l’Algérie, la Jordanie et, enfin, le Maroc, dont des milliers d’internautes auraient cliqué sur les contenus des plateformes daéchiennes.

C’est du moins ce qu’écrit noir sur blanc le récent rapport du think-tank londonien, «Policy Exchange», auquel se réfère Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 25 septembre. Dans ce rapport de 130 pages, intitulé «The new net war: countering extremism online», préfacé par le général David Petraeus, ancien patron de la CIA, ancien chef du Central command (chargé des opérations militaires en Irak puis en Afghanistan) et docteur en sciences politiques (Princeton), on apprend qu’ils sont exactement 3.638 Marocains à avoir jeté un coup d’œil sur les contenus des sites électroniques de Daech.

Malgré les cuisants revers subis par ladite organisation, qui aurait même été décapitée avec la liquidation de plusieurs de ses «cadres» et malgré les mesures prises par Google, Facebook, Twitter, les contenus des sites internet de Daech n’en continuent pas moins de proliférer. Selon le rapport du think-tank de centre-droit, rédigé par son patron, Dr Martin Frampton, la plateforme de Daech affiche chaque semaine plus d’une centaine d’articles et vidéos, sans parler d’une revue hebdomadaire bien fournie en contenus de propagande.

Or, tempère Mohamed Mesbah, chercheur au Centre Carnegie-Moyen Orient, cité par Akhbar Al Yaoum, il faut distinguer, parmi les visiteurs de ces sites terroristes, entre ceux qui le font par curiosité (l’écrasante majorité) et ceux qui les consultent par accointance (une minorité). En effet, selon lui, les sympathisants de Daech et les auteurs potentiels d’attentats terroristes utilisent, en réalité, ce qu’il appelle le Deep Web (Internet profond ou web caché) pour se faire très discrets. Cependant, Mesbah reconnaît que, dans plusieurs pays arabes, dont le Maroc, l’extrémisme a été surtout véhiculé à travers la Toile. Ce que confirme le patron du BCIJ (bureau central d’investigations judiciaires), Abdelhak Khiam. Selon ce dernier, 80% des terroristes arrêtés au Maroc ont laissé des traces sur internet, ce qui n’est cependant pas une raison, précise-t-il, de porter atteinte à la liberté «numérique» des citoyens.

En effet, c’est aux gros providers d’internet (Google, Yahoo…) et des réseaux sociaux (Facebook, twitter…) de serrer la vis pour chasser les terroristes de la Toile. Un avis que partage le militaro-politologue, le général à la retraite David Petraues, selon lequel la «lutte contre les terroristes qui agissent par le canal d’internet est encore très limitée. La preuve par les récents attentats du métro de Londres qui montrent que la nébuleuse terroriste reste insidieuse, présente partout.»

Par Mohammed Ould Boah
Le 24/09/2017 à 22h59