Rabat: les vélos-taxis, c’est fini

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Revue de presseKiosque360. Quelques mois à peine après leur démarrage, les vélos-taxis de la capitale ont été immobilisés. Leur police d’assurance a expiré trois mois après leur mise en service. Faute de revenus, les bénéficiaires sont incapables de les réassurer.

Le 31/07/2019 à 18h39

Le projet est un fiasco total. Cinq mois après avoir été présenté devant le roi, en janvier, le projet de dotation de la capitale en vélos-taxis est aujourd’hui en faillite. Les vélos sont saisis par les autorités locales, leur police d’assurance étant arrivée à échéance depuis plusieurs semaines. Les bénéficiaires de ce projet, initié par le conseil préfectoral de Rabat et l’INDH pour un coût de 2,5 millions de dirhams, sont ainsi interdis d’exploitation de ces véhicules, quelques mois à peine après le lancement de l’initiative.

L’initiative en elle-même a suscité beaucoup de critiques, commente le quotidien Al Massae dans son édition du jeudi 1er août. Avec un coup global de l’opération de 2,5 millions de dirham, les vélos-taxis, fabriqués en Chine, reviennent à 50.000 dirhams l’unité, alors qu’il sont mis en vente sur les site internationaux spécialisés en commerce en ligne pour seulement 8.000 dirhams l’unité, précise le quotidien. 

Pire encore, poursuit le quotidien, l’exploitation des vélos-taxis génère un revenu d’à peine 2.000 dirhams pour les bénéficiaires, ce qui en fait une entreprise loin d’être rentable. Il faut dire, précise le quotidien, que le succès escompté de cette initiative n’a pas été au rendez-vous. D’autant que ces tricycles ont déjà été immobilisés une première fois pour une durée de deux mois, pour refaire leur peinture.Tout juste après, les premières pannes et défauts de fabrication ont commencé à pointer. Les moteurs électriques ont commencé à prendre feu tout seuls et les pièces mécaniques étaient déjà endommagées, à peine après trois mois d’exploitation. Cela alors que les véhicules sont toujours sous une garantie qui s’étend, d’ailleurs, sur une période d’un an. Du coup, 15 vélos-taxis ont été remis au garage parce qu’ils constituent désormais un danger, après cette série de pannes.

Et dire, relève le quotidien, que les bénéficiaires du projet ont dû attendre deux années pour le voir enfin se concrétiser. Et encore, il fallait répondre à une série de conditions drastiques pour être éligible. Les candidats devaient, en effet, avoir un niveau d’instruction supérieur au bac et avoir passé leur permis de conduire au moins cinq années plus tôt. Une fois sélectionnés, les bénéficiaires du projet devaient, ensuite, suivre des cours de langues, français, anglais et espagnol, et une formation en gestion d’entreprises. Ils devaient également suivre une formation dans la conduite et la maintenance de ces véhicules.

Seulement, trois mois après la mise en circulation des vélos-taxis, les bénéficiaires ont été surpris d’apprendre que leur police d’assurance avait expiré. Pour poursuivre l’exploitation de ce service, ils doivent en contracter une nouvelle pour 1.150 dirhams, montant dont ils disent ne pas disposer en raison du faible revenu du projet et, surtout, de leur situation sociale déjà précaire. En conséquence, sans assurance, et sur décision des autorités, ils ne peuvent plus rouler, pour ceux, bien sûr, dont les véhicules sont encore en état de fonctionner. 

Au final, le projet tombe en faillite et, naturellement, souligne le quotidien, la deuxième phase déjà programmée et portant sur l’acquisition de 50 nouveaux tricycles électriques, cette fois pour un montant de 5 millions de dirhams, a été annulée. Un gâchis, souligne Al Massae qui rappelle, par ailleurs, que le Réseau marocain de protection des deniers publics avait saisi la justice, invitant le Parquet à ouvrir une enquête sur ce projet.

Par Amyne Asmlal
Le 31/07/2019 à 18h39