Pénurie de médicaments: les pharmaciens portent un brassard noir en signe de protestation

Les pharmaciens protestent contre la pénurie de médicaments en affichant à leur bras, un brassard noir.

Les pharmaciens protestent contre la pénurie de médicaments en affichant à leur bras, un brassard noir. . khalil Essalak / Le360

Le 17/01/2022 à 21h42

VidéoLe démenti du ministère de la Santé concernant l'indisponibilité de médicaments dans les pharmacies a créé une réelle confusion auprès des professionnels du secteur, qui ont décidé de protester contre la pénurie de médicaments en portant un brassard noir, ce lundi 17 janvier 2022. Images.

Des dizaines de médicaments sont aujourd’hui introuvables dans les pharmacies, notamment ceux contenant la molécule d’azithromycine, le zinc, la vitamine C et tout ce qui a trait au rhume. Une rupture de stock qui demeure inexpliquée. Cette situation inquiète les pharmaciens, surtout dans une période aussi critique, marquée par la nouvelle vague épidémiologique liée au variant Omicron.

Pour cette raison, et face au démenti du ministère de la Santé et de la Protection sociale, infirmant l’existence d’une quelconque pénurie de médicaments, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) a appelé les professionnels du secteur à manifester en portant un brassard noir, ce lundi 17 janvier 2022. L’objectif derrière cette protestation? Rétablir la communication avec le département de Khalid Aït Taleb, et comprendre les raisons de cette situation particulièrement problématique.

En effet, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, qui qualifie cette journée de «jour de la colère», considère cette protestation comme étant «l’expression du ras-le bol général des professionnels du secteur». Elle regrette ainsi «l’absence de dialogue avec la tutelle depuis plus de deux ans», ainsi «que le mépris total du ministère de le Santé quant aux revendications exprimées pour traiter des questions fondamentales qui concernent la santé des citoyens», comme indiqué dans un communiqué diffusé ce lundi.

A Fès, par exemple, les pharmaciens affichent un grand désespoir. Hassan Atech, président de la Chambre syndicale des pharmaciens d’officine de la capitale spirituelle, déplore le courant actuel des choses. «L’implication des professionnels dans cette protestation vient en réponse à la dégradation dans le secteur de l’industrie pharmaceutique, et à la pénurie de plusieurs médicaments prescrits contre les maladies saisonnières et surtout contre le Covid-19», explique-t-il.

A Casablanca également, le problème est réel et l’actuelle pénurie compromet la prise en charge des patients, et surtout ceux ayant contracté le Covid-19. Officiant sur le boulevard Roudani, un pharmacien, interrogé par Le360, ne cache pas son inquiétude et confie que plusieurs médicaments deviennent de plus en plus rares, voire inexistants sur le marché.

«Les pharmaciens du Royaume ont entrepris une démarche de protestation et d’éclaircissement de notre point de vue, face à la rupture de médicaments essentiels sur le marché marocain, nous mettant dans une situation délicate quant au manque d’informations à donner à nos concitoyens. Le port du brassard noir signifie que nous sommes contre l’opacité et pour la transparence par rapport à ce qui se passe aujourd’hui sur l’approvisionnement en médicaments essentiels», précise ce professionnel de la santé.

Et d’ajouter: «le message que nous cherchons à transmettre est une sorte de main tendue au ministère de la Santé, pour faire en sorte que le département communique avec nous par le biais d’associations et de syndicats. Nous voulons œuvrer tous ensemble pour trouver des solutions à cette problématique».

Notons que la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc avait déjà tiré la sonnette d’alarme concernant la pénurie de certains médicaments sur le marché. Pour leur part, les professionnels de l’industrie pharmaceutique estiment qu’il est nécessaire que le ministère de tutelle et les opérateurs du secteur veillent à assurer un stock de sécurité qui ne doit pas être inférieur à deux mois pour tous les médicaments essentiels, afin de veiller à la protection et à la préservation de la santé des citoyens.

Par Yousra Adli avec Ahmed Echakoury et Khalil Essalak
Le 17/01/2022 à 21h42